Punaises
Les punaises, des insectes très différents
Les punaises ou Hétéroptères correspondent à un sous-ordre des Hémiptères.
Vaste de près de 45 000 espèces, le monde des punaises compte aussi bien des auxiliaires que des ravageurs. On recense environ 1350 espèces en France réparties dans 3 types d’habitats :
- Aquatique
- Subaquatique, ou « de surface »
- Terrestre
Les punaises aquatiques (Nepomorpha)
La Nèpe cendrée ou Scorpion d'eau (Nepa cinerea) peut mesurer jusqu'à 4 cm et se retrouve dans les étendues d'eau peu profondes, parfois même dans les piscines. Si elle passe la majeure partie de son temps sous l'eau, elle peut également en sortir et même voler. Elle fait partie des punaises aquatiques, comme les Notonectes et d'autres espèces.
Les punaises subaquatiques (Gerromorpha)
Les Gerris sont des punaises de surface qui grâce à un écartement important de leurs pattes et des poils hydrophobes peuvent littéralement marcher sur l'eau. Véritables prédateurs, elles se nourrissent d'insectes tombés à la surface ou de larves aquatiques qui remontent pour y respirer. Les Hydromètres et d'autres espèces fonctionnent de façon similaire à la surface.
Les punaises terrestres
Les punaises terrestres représentent la plus grande partie des espèces et peuvent être de très petite taille ou alors plus grosse comme celle-ci de la famille des Pentatomidae, qu'on croise fréquemment au jardin ou dans la maison.
Seules les punaises terrestres nous intéresseront dans cette partie.
Les couleurs des punaises peuvent être très variées et leur taille peut s’avérer impressionnante, ce qui simplifie dans la majorité des cas leur identification au sein d’une culture impactée.
On les classe selon 3 types de régimes alimentaires :
- Les phytophages, qui se nourrissent des tissus végétaux et vont souvent causer des dommages aux cultures, qu’il s’agisse des fruits, des feuilles, des tiges ou encore des fleurs.
- Les prédateurs, qui se nourrissent d’autres insectes.
- Les hématophages, qui se nourrissent de sang (type punaises de lit)
Punaise phytophage à l'oeuvre
Cette larve de punaise verte ponctuée se nourri des tissus végétaux qu'elle rencontre, qu'il s'agisse de tiges ou de feuilles, mais son met préféré reste les fruits.
Les punaises prédatrices disposent d'un rostre plus rigide
Anthocoris nemoralis est une espèce de punaise prédatrice grande de 4 à 5 mm au stade adulte qui rend la vie difficile aux psylles.
Punaise hématophage en gros plan
Les punaises de lit sont bien souvent les plus dures à repérer et à éliminer. Bien qu'elles laissent vos tomates tranquilles, il n'en sera pas de même pour vos jambes !
Certaines espèces de punaises peuvent avoir un régime alimentaire mixte phytophage et prédateur.
Voilà quelques exemples d’espèces de punaises prédatrices jouant un rôle d’auxiliaire :
- Macrolophus pygmaeus qui s'attaque aux thrips, aleurodes, acariens et jeunes chenilles
- Anthocoris nemoralis qui chasse les psylles et peut parfois s’en prendre aux pucerons et acariens
- Orius majusculus et Orius Laevigatus qui sont des prédateurs de thrips, pucerons et acariens
Macrolophus pygmaeus
Orius majusculus
Les espèces végétales ciblées par les punaises phytophages peuvent être :
- Légumières (tomates, aubergines, choux, carottes, poivrons, piments)
- Arboricoles (pommes, poires, noisettes, kiwi, platane)
On abordera ici uniquement les espèces phytophages responsables des dégâts les plus répandus dans les cultures.
Biologie des Hétéroptères
Les Hémiptères sont des insectes de type piqueur-suceur. Ils sont dotés d’une pièce buccale pointue appelée « rostre », leur permettant d’aspirer la sève des plantes attaquées. Ils s’en servent pour injecter leur salive dans certains tissus afin de liquéfier ce qu’ils désirent consommer par la suite.
Une autre caractéristique physiologique de cet ordre est le scutellum (ou « écusson ») proéminent et bien visible. On note aussi la division en deux parties des ailes antérieures, appelées hémélytres. Celles-ci comportent donc une partie antérieure coriacée rigide appelée « corie » (en marron sur la photo) et une partie postérieure plus souple et souvent veinée appelée « membrane » (transparente sur la photo).
Enfin, les punaises sont équipées d’une glande odorifère située au niveau du thorax, qui fait que leur manipulation peut parfois entrainer une odeur désagréable, et leur écrasement quasi systématiquement.
Les punaises sont des insectes dits « hétérométaboles », c’est-à-dire qu’ils ont une métamorphose incomplète : bien que passant par plusieurs stades larvaires avant le stade adulte, les stades larvaires seront d’apparence très similaires à l’adulte. De plus, les mues successives, souvent au nombre de 5 ne nécessiteront pas de nymphose.
Le scutellum est bien visible (ici il finit en pointe jaune) De chaque côté, les hémélytres se divisent en deux parties distinctesStade L4 de larve de Nezara viridula
Stade L5 de larve de Nezara viridula
Nezara viridula sous sa forme adulte
Les punaises peuvent hiberner à différents stades de leur développement, œuf, nymphe ou adulte.
La reproduction chez les hétéroptères est sexuée et on remarque souvent leur position caractéristique du « cul-à-cul » durant l’accouplement, même si ce n’est pas la seule position qu’ils peuvent adopter.
La forme et la disposition ainsi que l’emplacement des œufs sont généralement propres à chaque genre. Les œufs peuvent être isolés ou groupés, déposés sur ou sous les végétaux, ou encore à l’intérieur d’une tige ou sous l’écorce.
Les hétéroptères que vous croiserez fréquemment au jardin sont les suivants :
- La famille des Pentatomidés comprenant les genres Nezara et Halyomorpha
- La famille des Miridés, comprenant les genres Lygus, Lygocoris et Nesidiocoris
- La famille des Tingidés ou punaises réticulées autrement appelées « Tigres », comprenant les genres Corythucha (Tigre du platane, Tigre du chêne) et Stephanitis (Tigre du poirier, Tigre du pieris, Tigre du rhododendron)
Deux punaises Arlequin en cul à culOoplaque en nids d'abeilles après éclosionLes punaises de la famille des Pentatomidés
Punaise verte "ponctuée" ou "puante"
La punaise verte ponctuée ou punaise verte puante (Nezara viridula) s’attaque au potager et principalement aux tomates, aux aubergines et aux haricots. De couleur bien verte unie au printemps et à l’été, elle devient brune en automne. Elle dispose de 3 points blancs entre 2 points noirs alignés sur le scutellum. Son premier stade larvaire mesure environ 1 mm et est totalement noir tacheté de blanc. Elle passera au cours des 5 stades larvaires par des phases avec du noir et rouge pour enfin arriver à son stade adulte complètement vert comme on le connait.
Punaise verte ou punaise "des bois"
La punaise verte (Palomena prasina), souvent confondue avec la punaise verte ponctuée, est bien moins problématique que cette dernière. Elle est présente sur des cultures fruitières ou ornementales mais ses concentrations de populations sont bien moins importantes que la punaise verte ponctuée ou la punaise diabolique, et ses dégâts sont de l'ordre du négligeable. Avant donc de vous en prendre à elle par erreur, soyez sûr de son identification : on peut la distinguer par une partie membranaire brune sur le bout des ailes, contrairement à celles transparentes de Nezara viridula, ainsi qu'à l'absence des 3 points blancs et deux points noirs sur le scutellum. Elle prend aussi une teinte marron en automne et en hiver.
Punaise diabolique ou punaise "marbrée"
La punaise diabolique encore appelée punaise marbrée (Halyomorpha halys) se rencontre de plus en plus fréquemment en France et de plus en plus au centre et au Nord. Arrivée d’Asie et identifiée en France aux alentours de 2012, elle ne cesse d’étendre depuis son aire de répartition en Europe. Depuis, ses concentrations de populations inquiètent et ses dégâts sur les cultures sont suivis de près depuis 2018. Elle est progressivement remontée du Sud de la France et ses menus de prédilection sont les pêchers, les pommiers, les poiriers, les noisetiers, la vigne ou encore les kiwis. Vous pourrez aussi la croiser fréquemment dans votre potager ou dans le salon séjour.
Les punaises de la famille des Miridés
Lygus rugulipennis
La punaise Lygus rugulipennis est un autre ravageur, un peu moins répandu que la punaise verte ponctuée, et qui s’en prend majoritairement aux fleurs mais peut également jeter son dévolu sur quelques concombres, aubergines, poivrons ou tomates. Elle appartient au genre Lygus.
Lygocoris pabulinus
Lygocoris pabulinus appartient au genre Lygocoris et s'attaque à de nombreuses cultures comme pommiers, poiriers, cerisiers et autres petits fruits ainsi que poivrons et aubergines. Après ses attaques, les fruits présentent des malformations.
Nesidiocoris tenuis
Nesidiocoris tenuis est une punaise prédatrice polyphage et très active à tous ses stades de développement. Elle est principalement utilisée pour le contrôle biologique des aleurodes dans les cultures légumières (tomates, aubergines).
Les punaises de la famille des Tingidés ("Punaises réticulées", "Tigres")
Le Tigre du platane (Corythucha ciliata) appartient à la famille des tingidés.
Ce sont des petites punaises plates qui sont caractérisées par la présence d’ailes et d’un pronotum (partie supérieure du thorax) réticulé.
La réticulation se définit par un réseau qui forme des motifs caractéristiques en mosaïques ou en dentelles. Cela leur vaut également le nom de punaises dentellières.
Selon l’espèce, les tigres peuvent être de différentes couleurs avec des motifs plus ou moins foncés.
Les punaises réticulées vivent sur la face inférieure des feuilles où elles ponctionnent de la sève pour se nourrir, ce qui bien souvent affaiblit les plantes.
Tigre du platane
Quels sont les dégâts provoqués par les punaises phytophages?
Les punaises étant des insectes piqueurs suceurs, la salive qu’elles vont injecter dans la plante va attaquer et dissoudre les cellules autour de la piqure afin que le liquide obtenu soit réingéré par la suite. Plus les individus seront présents en grand nombre, plus les dégâts occasionnés à la plante seront importants. Les dégâts constatés peuvent être :
- Tâches
- Tissus déformés / apparition de gales
- Chutes des fleurs ou des fruits
- Réduction du pouvoir germinatif ainsi que de la croissance
- Transmission d’agents pathogènes
Comment se débarrasser des punaises?
Pour éloigner les punaises :
Les hétéroptères n’aiment pas l’ail. En utilisant de la macération huileuse d’ail vous pourrez les obliger à aller voir ailleurs. Toutefois, ce type de solution sera à renouveler car l’efficacité ne sera que temporaire.
Les punaises n’apprécient guère l’odeur de la menthe et de la Népéta (ou "herbe à chat") également. Il est donc possible d’en planter quelques pieds aux abords des zones les plus touchées pour les repousser.
Pour les chasser :
La faune présente chez vous peut également vous accompagner pour limiter les populations de punaises. Les araignées, les crapauds et certains oiseaux vont se nourrir de certaines punaises.
Toutefois, certaines punaises invasives qui ne sont pas endémiques comme la punaise diabolique (Halyomorpha halys) n’ont pas de véritables prédateurs naturels ici.
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