Sclerotiniose
Les pourritures blanches sclérotiques
La sclérotiniose, ou pourriture blanche sclérotique, est une maladie cryptogamique très souvent rencontrée au potager. Elle est principalement due à 3 champignons à savoir Sclerotinia sclerotiorum, Sclerotinia minor et Sclerotium cepivorum.
Ces trois espèces se développent sous la forme d'un mycélium duveteux de couleur blanchâtre et arborent bien souvent des sclérotes noirs. Ces petites pustules sont en fait des organes de conservation constitués de morceaux de mycélium compactés et rigidifiés. Ces formes de résistance peuvent survivre dans le sol pendant plus de 10 ans. Ces maladies des plantes peuvent donc être très problématiques.
La sclérotiniose
Le principal agent responsable de la sclérotiniose au potager est Sclerotinia sclerotiorum. Cette espèce peut être responsable de maladies racinaires comme la fonte des semis. Elle est très polyphage et très résistante. Ainsi elle s'attaque à de nombreuses productions agricoles, notamment les cultures oléagineuses (colza, tournesol, lin), protéagineuses (pois, fèveroles, soja) ou industrielles (tabac). Les plantes potagères ne sont pas en reste.
Sur pomme de terre, la sclérotiniose se développe au niveau de la tige, à l'intérieur de laquelle se concentrent le mycélium blanchâtre et les sclérotes. Cette nécrose la creuse et finit par la sectionner. Des dommages similaires sont rencontrés sur pois et artichaut. Sur cette dernière, la survenue de cette maladie est plutôt rare, mais peut entrainer la mort du pied lorsqu'elle s'attaque au collet.
Sur les carottes ou les céleris, ce champignon s'attaque principalement à la racine ou à la rave. L'attaque a lieu aussi bien au champ que lors de la conservation. Elle se manifeste généralement lors des hivers doux et humides et entraine la pourriture blanche des organes attaqués. La présence de sclérotes noires est souvent observée. Des dégâts similaires sont rencontrés sur les chicons. La maladie s'en prend tout d'abord à la plante en partant du collet pour atteindre le bout des racines. Les feuilles de l'endive peuvent être atteintes lors du forçage.
Chez les haricots le mycélium et les sclérotes se développent sur le limbe et les petioles des feuilles ainsi que sur les gousses et le collet. Cela peut entraîner la verse de la plante et bien souvent sa mort. Sur les choux, les dommages sont similaires et la pomme finit bien souvent par complètement pourrir.
Sclerotinia sclerotiorum fait également des dommages sur les cucurbitacées et notamment les concombres, mais cela reste rare. sur les laitues où on la retrouve souvent en association avec Sclerotinia minor.
La sclérotiniose mineure
Sclerotinia minor a un spectre moins large que Sclerotinia sclerotiorum. La sclérotiniose mineure fait des dommages essentiellement sur le tabac et les chrysanthèmes. Sur cette dernière culture elle entraine une pourriture de couleur brune. Mais c'est sur les laitues que ce pourrissement est le plus impactant pour le jardinier. Elle se traduit parfois par de la fonte des semis et des boutures mais c'est pour ses symptômes en végétation qu'elle est le plus connue. Le mycélium se développe au niveau du collet. Celui ci se décompose petit à petit ainsi que les feuilles de salade proches. Brusquement, la laitue se flétrie dans son intégralité. La plante s'arrache alors facilement puisqu'elle est désolidarisée de ses racines. La présence de sclérotes est caractéristique. A noter que la plante peut également être simultanément contaminée par de la pourriture grise à Botrytis.
La pourriture blanche des alliacées
Comme son nom l'indique, cette sclérotiniose ne s'en prend qu'à la famille botanique des Allium et donc à l'ail, à l'échalotte, à l'oignon et au poireau. Ces deux premières cultures y sont particulièrement sensibles. Elle est causée par le champignon Sclerotium cepivorum.
Ce dernier est responsable de l'apparition d'un mycélium blanchâtre recouvert sclérotes noires circulaires, à la base du bulbe et sur les racines qui finissent par pourrir. Il provoque des dommages sur toute la durée de la culture, à savoir depuis le repiquage des caïeux jusqu'à la récolte et à la conservation. Les feuilles les plus vieilles jaunissent, flétrissent et chutent. L'oignon et le poireau sont moins sensibles à cette maladie mais les jeunes pieds peuvent être attaqués.
A noter que les sclérotes de ce champignon peuvent survivre jusqu'à 15 ans dans le sol en l'absence de quelconque plante hôte.
Limiter le développement des sclérotinioses
Plusieurs facteurs influencent le développement des sclérotinioses. Tout d'abord ces maladies sont favorisées par des conditions météorologiques douces et et humides (10 - 15 °C). Il convient donc de limiter au maximum l'hygrométrie au niveau des cultures. A cette fin, limitez le paillage à une utilisation estivale et espacez bien les plantes sensibles (aussi bien en inter rangs qu'à l'intérieur des rangs). Les sclérotiniose ont tendance a être plus souvent observées sur les terrains à sols lourds (du fait de la rétention de l'eau). Si c'est votre cas préférez cultiver les plantes sensibles sur des buttes réputées plus séchantes.
Evitez les fortes fumures azotées et préférez systématiquement l'utilisation d'amendements organiques aux intrants chimiques pour ne pas créer de déséquilibre au niveau de la plante et du sol.
Faites en sorte de limiter au maximum l'inoculum de la maladie. A cette fin, effectuez des rotations assez longues en augmentant le plus possible les délais entre deux cultures sensibles. Pour rappel, les sclérotes ont une capacité de survie dans le sol pouvant osciller entre 10 et 15 ans. De même retirez les organes contaminés comme les bulbes, les collets et les fanes et brûlez les.
Vous pouvez également tenter de réduire l'inoculum en pratiquant la solarisation (tendez une bâche noire sur le sol pendant toute la durée estivale, la forte température détruira une partie des sclérotes). Enfin, si la pourriture blanche des allium est une problématique récurrente, il est possible d'en faire germer les sclérotes en plantant du glaïeul. Cette espèce n'y est pas sensible et permet de faire avorter les champignons.
Les traitements contre la sclérotiniose
A l'heure actuelle peu de produits sont homologués pour lutter contre la sclérotiniose. Les formes racinaires interdisent par exemple l'utilisation de Bouillie Bordelaise. Ainsi, seul deux produits à base de micro-organismes bénéfiques sont homologués. Le premier est la spécialité commerciale AMYLO-X JARDIN dont le principe actif est la bactérie Bacillus amyloliquefaciens, et le second est l'anti maladie polyvalent utilisant les propriétés du Bacillus subtilis pour lutter contre la sclérotiniose notamment sur laitues et salades. Ces produits présentent une efficacité maximale lorsqu'ils sont utilisés en amont de l'infestation avec des traitement répétés.
Il est également conseillé de stimuler les défenses naturelles des plantes en appliquant régulièrement du chitosan sur les légumes et plantes ornementales sensibles.
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