Puceron farineux du prunier
Le puceron farineux du prunier (Hyalopterus pruni), identification et traitements naturels
Avec le puceron vert du prunier, le puceron farineux du prunier est l’une des espèces les plus fréquemment rencontrées dans les vergers de pruniers. Ce puceron vert pâle produit une pruine blanche (sécrétion cireuse), ce qui lui vaut le surnom de farineux. Il se développe en grandes colonies sous la face des feuilles et il produit une grande quantité de miellat. Les dégâts peuvent être considérables avec une chute des feuilles et une altération des fruits.
Sur cette page, vous trouverez toutes les informations nécessaires pour identifier et connaître ce puceron, ainsi que toutes les méthodes naturelles pour s’en débarrasser.
Tout savoir sur le puceron farineux du prunier
Carte d’identité du puceron farineux du prunier
Hyalopterus pruni peut se présenter sous plusieurs formes :
- L’œuf : il s’agit du stade qui permet aux pucerons de passer l’hiver. Les œufs sont noirs, bien luisants et mesurent moins d’un demi millimètre. Ils sont uniquement pondus à l’automne.
- Le puceron adulte aptère (sans ailes) : il mesure de 1,5 à 2,6 mm et il a une forme relativement allongée. Ce puceron est de couleur vert pâle avec parfois des teintes bleutées (il arrive parfois d'observer des individus roses, notamment sur les roseaux). L’une de ses particularités est sa capacité à produire une cire blanche recouvrant partiellement son corps. Une autre caractéristique morphologique sont ses yeux de couleur rouge.
- Le puceron adulte ailé : Il ressemble beaucoup à la forme aptère sauf que son thorax est plus développé et plus foncé. Il possède également des ailes qui lui permettent de se disséminer.
Il peut être confondu avec le puceron farineux du pêcher, Hyalopterus amygdali, qui présente la même biologie et fréquente les mêmes plantes hôtes. Cette confusion n’a pas une grande incidence car les moyens de lutte sont les mêmes.
Biologie du puceron farineux du prunier
Ce ravageur passe l’hiver sous forme d’œufs pondus sur les bourgeons des pruniers. Juste avant la floraison (en Avril), ces œufs éclosent et donnent naissance à des femelles fondatrices. Ces dernières rejoindront les toutes jeunes feuilles et pousses pour se nourrir de sève, puis elles commenceront à pondre de jeunes larves de puceron par parthénogenèse (reproduction sans mâles, les femelles donnent naissance à des femelles identiques). Ces toutes premières colonies peuvent passer inaperçues, mais rapidement le nombre de pucerons farineux va exploser ! En effet, son cycle de développement est assez rapide (10 jours de la jeune larve à l’adulte) et les femelles vont pondre plus de 50 pucerons au cours de leur vie…
C’est au mois de Juin et Juillet que la population de pucerons atteint son pic ! On observe alors l’apparition de pucerons ailés en grand nombre, qui vont quitter les pruniers pour rejoindre un hôte secondaire : les Phragmites (roseaux) ou les joncs (quenouilles). La population de pucerons sur prunier va alors s’effondrer bien que certaines colonies puissent persister. Les femelles ailées fondatrices qui arrivent sur les roseaux vont commencer à créer de nouvelles colonies sur la face supérieure des feuilles. Ce développement va se poursuivre durant tout l’été. Ce n’est qu’à la fin Août que de nouveaux pucerons ailés vont apparaître et rejoindre leur hôte primaire à savoir le prunier. Cette alternance entre une plante hôte primaire et une plante hôte secondaire chez les pucerons porte un nom : on parle d’espèces dioeciques.
Une fois de retour sur le prunier, ils fondent de nouvelles colonies en donnant naissance à des mâles et des femelles qui vont entamer une reproduction sexuée (les pucerons possédant un stade sexué portent le nom d’holocycliques). Il en résulte la ponte d’œufs sur les bourgeons, qui donneront naissances à de nouveaux pucerons au printemps suivant.
En résumé, il faut retenir que ce puceron se développe sur un hôte primaire (le prunier) au printemps, puis le quitte en été pour rejoindre son hôte secondaire (les phragmites) avant de rejoindre de nouveau le prunier en automne où il y déposera ses œufs. Ces œufs lui permettront de passer l’hiver !
D’où viennent les pucerons farineux du prunier ?
Hyalopterus pruni est originaire du bassin méditerranéen, il s’agit donc d’une espèce endémique, très commune sur notre territoire. Il a été introduit en Amérique du Nord en 1879 où il est devenu un ravageur d’importance. Ce puceron se disséminant grâce à son stade ailé rend les infestations impossibles à prévoir. Vous n’êtes pas à l’abri d’observer un jour une attaque dans votre verger.
Quelles plantes peut infester le puceron du prunier ?
Le puceron farineux se rencontre sur des hôtes primaires et des hôtes secondaires :
- Les hôtes primaires (au printemps et à l’automne) sont des plantes appartenant au genre Prunus. On le rencontre fréquemment sur les pruniers cultivés : Reine-Claude, Mirabelle, Quetsche… Mais aussi sauvages ! Il affectionne également les abricotiers, les pêchers, les nectariniers et les amandiers. On le retrouve également sous le nom de puceron farineux de l’abricotier.
- Les hôtes secondaires (en été) sont des graminées présentes dans des zones humides. Il s’agit essentiellement de roseaux (Phragmytes), de joncs et de molinies. Les pucerons peuvent alors prendre des colorations roses.
Symptômes et dégâts engendrés par une attaque de pucerons farineux du prunier ?
Les premières attaques peuvent être repérées tôt en saison. Dès l’apparition des premières feuilles, retournez en quelques une et regardez si des pucerons verts clair légèrement farineux sont présents.
Lorsque l’infestation prend de l’ampleur, au mois de Mai et Juin, on peut observer des colonies de pucerons qui recouvrent entièrement la face antérieure des feuilles ainsi que les jeunes tiges. Contrairement à des nombreuses espèces, le puceron farineux du prunier ne provoque pas d’enroulement des feuilles, mais leur grand nombre et la grande quantité de sève qu’ils prélèvent vont les faire jaunir et chuter prématurément. On peut noter que l’intégralité du feuillage et des jeunes pousses peuvent être atteinte.
Un autre signe caractéristique d’une infestation de pucerons farineux du prunier est la présence abondante de miellat qui va recouvrir le feuillage. Le miellat est un liquide sucré poisseux qui est rejeté par les pucerons lorsqu’ils se nourrissent. Ce miellat attire les fourmis et permet le développement d’un champignon qui recouvre les feuilles d’un feutrage noir : la fumagine.
Les conséquences d’une attaque de pucerons farineux du prunier sont multiples :
- Un affaiblissement général de l’arbre, les jeunes plants sont particulièrement sensibles et peuvent prendre un retard considérable de croissance. Sur les arbres plus âgés, la fructification des années à venir peut elle aussi être réduite.
- Le miellat secrété abondamment par ce puceron peut recouvrir les prunes et autres fruits. Ce qui peut affecter leur qualité en provoquant des fendillements et une mauvaise coloration.
- Ce même miellat offre un terrain propice pour la fumagine. Ce champignon noir va recouvrir le feuillage de l’arbre, réduisant la capacité des feuilles à effectuer correctement leur photosynthèse. L’arbre s’en retrouve là aussi affaibli…
- Le puceron farineux du prunier serait également un vecteur du virus de la Sharka.
Comment se débarrasser des pucerons farineux du prunier ?
La lutte biologique contre le puceron farineux du prunier donne de bons résultats. Il suffit de prendre l’infestation relativement tôt en saison ! Plusieurs solutions s’offrent à vous :
- L’utilisation des redoutables larves de coccinelles
- Des traitements biologiques à base d’huile de colza
- La création ou la préservation d’habitats pour les insectes prédateurs / parasites du puceron du prunier
- De bonnes pratiques culturales dans le verger
Les coccinelles à 2 points pour lutter contre le puceron farineux du prunier
Bien que très prolifique, ce ravageur peut être facilement contrôlé. Pour cela, il convient de ne pas agir trop tard mais de surveiller régulièrement vos arbres. Dès que les pucerons sont détectés et que le risque de gelées nocturnes est écarté, vous pouvez utiliser des coccinelles à 2 points (Adalia bipunctata). Ces coccinelles ont une efficacité reconnue contre ce puceron, en effet, une femelle adulte est capable de consommer plus de 120 pucerons par jour.
Nous recommandons fortement l’usage des adultes et non des larves ou des œufs. Les adultes sont en effet beaucoup moins sensibles aux fourmis et ils vont se répartir dans tout l’arbre pour dénicher les pucerons. Les femelles vont également pondre plus de 20 œufs par jour et elles donneront ainsi naissance à plusieurs centaines de larves !
L’efficacité des coccinelles à 2 points peut être renforcée avec l’application de glu arboricole sur le tronc qui empêchera les fourmis de monter dans l’arbre. Ces dernières se nourrissent du miellat des pucerons qu’elles vont protéger des attaques d’éventuels prédateurs comme les coccinelles.
Les produits naturels anti pucerons du prunier
Il existe plusieurs produits naturels pour lutter contre les pucerons du pruniers, mais ces produits sont généralement peu sélectifs et vont tuer aussi bien les pucerons que leur prédateurs ! (c’est le cas des produits à base de pyrèthre). Ils ont aussi une efficacité partielle, les pucerons qui n’auront pas été atteints par le traitement vont de nouveau se multiplier rapidement ! De plus, il est extrêmement difficile de pulvériser ces produits sur tout le feuillage d’un arbre...
Compte tenu de la très bonne efficacité des coccinelles à 2 points contre ce puceron et de sa facilité de mise en œuvre, nous vous déconseillons l’usage de produits, même biologique.
Seul le traitement d’hiver et de fin d’hiver peut avoir un intérêt. Ce produit à base d’huile de colza est à pulvériser sur les branches avant l’apparition des feuilles et des fleurs. Il va agir en détruisant les œufs du puceron farineux du prunier. L’infestation s’en trouvera considérablement réduite au printemps et les coccinelles pourront prendre le relai ! Attention, il existe plusieurs traitements d’hiver dans le commerce, privilégiez ceux à base d’huile végétale car certains sont à base d’huile de paraffine qui est un dérivé du pétrole !
Le savon noir peut être utilisé pour nettoyer le miellat et la fumagine du feuillage, mais il ne permet pas d’éliminer les pucerons !
Favoriser l’habitat des prédateurs de pucerons farineux du prunier
Le plus économique et le meilleur moyen de lutte biologique contre le puceron farineux du prunier est sans nul doute la lutte par conservation. Il s’agit de favoriser les habitats des prédateurs et des parasites sauvages de ce puceron, qui sont naturellement présents dans nos jardins :
Il existe plusieurs espèces de coccinelles sauvages efficaces contre ce puceron :
- Exochomus nigromaculatus : il s’agit d’une petite coccinelle noire, assez discrète (voir photo ci-dessous), les femelles consomment 40 pucerons du prunier chaque jour. Elle affectionne les saules et les pins, pensez donc à en implanter à proximité du verger !
- Scymnus apetzi et Scymnus (Pullus) subvillosus qui sont fréquentes sur les pucerons farineux du prunier. Ces 2 espèces qui aiment les milieux ouverts et chauds affectionnent également les chênes, noisetiers et genévriers.
Les syrphes, les cécidomyies et les chrysopes sont également de bons prédateurs du puceron du prunier. L’installation d’un abri à chrysopes dans le jardin les aideront à passer l’hiver. Ils seront ainsi présents dans votre verger dès le début du printemps !
Plusieurs espèces de guêpes parasites peuvent s'attaquer à ce puceron, c’est le cas de Aphidius transcaspicus, Praon volucre…
Pensez à laisser des bandes en jachères dans votre verger ou semez des mélanges fleuris. Ils apporteront du nectar, du pollen et des proies pour tout un tas d’auxiliaires !
Les bonnes pratiques à adopter pour limiter l’apparition des pucerons des pruniers
Il n’existe pas vraiment de solutions pour se prémunir d’une attaque de pucerons laineux du prunier, mais certaines pratiques peuvent réduire l’infestation :
- Ne taillez pas trop vos arbres : ceci favorise les jeunes repousses qui sont particulièrement appétantes pour notre puceron !
- Evitez les fertilisations azotées qui accélèrent le développement des pucerons. Privilégiez les amendements organiques à diffusion lente.
10 products