Mineuse de la tomate (Tuta absoluta) : Traitements naturels et bio

Tout savoir sur la mineuse de la tomate : Identification, biologie et dégâts

Description de la mineuse sud-américaine de la tomate

La mineuse Sud-américaine de la tomate (Tuta absoluta) est un petit papillon appartenant à la famille des Gelechiidae. Comme tous les papillons, la mineuse de la tomate passe par 4 stades de développement :

• Les œufs : ils sont minuscules (0,4 millimètres de long) et de forme cylindrique. Leur couleur varie du blanc crème au jaunâtre. Ils sont déposés individuellement sur la surface de la feuille de tomates ou d’autres Solanacées. Lorsque l’éclosion approche, ils prennent une couleur grise à noire.
• Les larves : au début de leur développement, elles ne mesurent que 0,6 mm et elles sont de couleur blanchâtre. Au fur et à mesure de sa croissance, la mineuse prend une couleur verte puis rosée. Elle atteint alors une taille de 7,2 mm. Les larves se trouvent à l’intérieur des mines (galeries qu’elles creusent à l’intérieur des feuilles pour se nourrir).
• La chrysalide : elle mesure 5 mm de long. De couleur verte dans un premier temps, elle prend ensuite une teinte marron quand la sortie du papillon est proche. Elle se trouve sur le feuillage, dans des débris végétaux ou bien dans le sol.
• Le papillon : il mesure 5,5 mm de long et presque 1 cm de largeur avec ses ailes déployées. Il est de couleur gris argenté à marron. Il possède de longues antennes filiformes avec une alternance de segments clairs et foncés.

D’où vient la mineuse de la tomate ?

La mineuse de la tomate provient de l’aire d’origine de la tomate : l’Amérique du Sud.

Suite aux échanges commerciaux, elle atteint l’Europe en 2006 où elle est détectée pour la première fois en Espagne. Elle colonise ensuite tout le bassin méditerranéen… Elle est repérée en France en 2008 et est maintenant bien cantonnée dans le Sud Est de notre territoire. On peut néanmoins la retrouver plus au Nord dans les cultures de tomates sous serres où elle arrive à passer l’hiver.

C’est le commerce de plants de tomates et de fruits contaminés qui est responsable de sa propagation rapide.

Une attaque de mineuse de la tomate sur votre culture peut avoir plusieurs origines :

• L’achat de plants contaminés.
• Un foyer de mineuses dans votre voisinage.

Cycle biologique de Tuta absoluta

La mineuse de la tomate est un papillon qui a une activité nocturne. En journée, il se cache dans le feuillage et passe inaperçu…

Sous nos latitudes, la mineuse de la tomate passe l’hiver sous forme d’œufs, de chrysalides ou de papillons. A la fin de la mauvaise saison, et dès que les températures montent à l’intérieur des serres, les premiers papillons de la mineuse de la tomate apparaissent. Pour les serres chauffées, ils sont présents toutes l’année.

Les accouplements ont lieu rapidement et les femelles vont pondre 40 à 250 œufs sur une période de 10 à 15 jours (correspondant à leur durée de vie). Ils sont majoritairement déposés sous les feuilles de la tomate.

Suivant les températures, l’éclosion a lieu au bout de quelques jours. La jeune larve rentre alors dans la feuille, la tige, la fleur ou un jeune fruit et commence à se nourrir en forant des galeries (mines). Tant que la chenille n’a pas pénétré dans la plante, on parle de stade baladeur. De temps en temps, elle quitte sa mine pour aller attaquer une autre partie du végétal. C’est à ce moment-là qu’elle est très sensible aux prédateurs.

Après être passée par 4 stades larvaires, la mineuse de la tomate quitte sa mine et entame sa nymphose en une petite chrysalide. Elle se trouve généralement au niveau du sol, ou bien sur le feuillage à proximité immédiate de son trou de sortie. Une semaine après, un papillon en sort et un nouveau cycle peut recommencer.

Suivant les températures, on observe une génération tous les 20 à 50 jours. Ce qui peut représenter une dizaine de générations par an !

Quelles sont les plantes sensibles aux attaques de la mineuse de la tomate ?

On retrouve la mineuse de la tomate sur plantes potagères de la famille des solanacées à savoir :

• La tomate
• L’aubergine
• Le poivron
• Le piment
• La pomme de terre
• Le pépino

Mais on peut également la retrouver dans des plantes sauvages et ornementales de cette même famille :

• Le tabac
• Le datura
• La morelle noire

Quels sont les symptômes et les dégâts provoqués par une attaque de mineuses ?

Le papillon de la mineuse de la tomate ne s’alimentant pas, c’est sa larve qui est responsable de la destruction de la culture.

En effet, en se nourrissant, la mineuse creuse des galeries à l’intérieur de différentes parties du végétal.

Elle s’attaque essentiellement au mésophylle des feuilles et délaisse l’épiderme. On observe alors des zones blanches et creuses, avec parfois à l’intérieur de petites crottes. Les feuilles attaquées finissent par se dessécher et tomber… Il est possible d’observer la chenille à l’intérieur de sa mine par transparence.

Les dégâts sur les jeunes tiges sont similaires. Ils provoquent en plus un ralentissement de la croissance en aval de l’attaque.

Plus rarement, et plutôt à la fin de son développement, la mineuse de la tomate s’attaque aux fruits. On observe alors de petites nécroses brunâtres et des trous de sortie. La tomate devient invendable et peut pourrir rapidement.

De manière générale, les nombreux dégâts et plaies engendrés par les attaques de la mineuse de la tomate sont des portes d’entrée pour des maladies opportunistes.

Il est à noter que la mineuse de la tomate est un ravageur émergent, qui prend de plus en plus d’importance sur notre territoire !

Confusion possible avec les mouches mineuses de la tomate

Attention, les attaques de la mineuse Sud-américaine de la tomate (papillon) peuvent être confondues avec des attaques des mouches mineuses de la tomate. Plusieurs espèces peuvent se rencontrer sur des cultures de tomates : la mouche mineuse de la tomate (Liriomyza bryoniae), la mouche mineuse américaine de la tomate (Liriomyza trifolii), la mouche mineuse Sud-aaméricaine de la tomate (Liriomyza huidobrensis) et la mouche mineuse horticole (Chomatomyia horticola). Pour les différencier, la larve des mouches est un asticot dépourvu de tête visibles et de pattes alors que pour tuta absoluta, il s’agit d’une chenille avec une tête et de petites pattes.

Les mouches mineuses piquent également les feuilles pour se nourrir du liquide contenu à l’intérieur. Elles sont alors marbrées de petites tâches. Des plaques engluées jaunes déposées au-dessus des plants de tomates permettent de détecter la présence de ces mouches et de confirmer le diagnostic.

Comment se débarrasser efficacement d’une invasion de mineuses de la tomate ?

La lutte chimique contre la mineuse de la tomate montre ses limites, en effet, en se logeant à l’intérieur des feuilles et des fruits, il est difficile d’atteindre la larve avec des produits de traitement. De plus, des usages intensifs d’insecticides ont engendré l’apparition de résistances aux produits.

La lutte biologique contre la mineuse de la tomate prend alors tout son sens, d’autant plus qu’il existe une stratégie globale passant par des mesures prophylactiques, du piégeage de détection, des lâchers d’insectes parasites ou prédateurs, et un traitement bio à base de Bacilles de Thuringes.

Les bonnes pratiques culturales pour limiter les infestations (prophylaxie)

En fin de saison de production, il est fortement recommandé d’effectuer un grand nettoyage de la serre. Évacuez tous les débris de tomates et d’autres végétaux. Nettoyez aussi minutieusement les éventuels interstices ou recoins de la structure qui fournissent des cachettes idéales pour le passage de l’hiver de la mineuse de la tomate.

Pendant l’hiver et dans les régions où il gèle, pensez à laisser la serre ouverte. Le froid va ainsi pénétrer à l’intérieur ce qui sera fatal pour la mineuse de la tomate.

Durant la saison, si vous constatez une attaque de mineuses sur vos plants de tomates, pensez à laisser la serre ouverte pour permettre aux auxiliaires de rentrer à l’intérieur. Certains insectes du jardin sont des prédateurs de la mineuse !

Surveillez régulièrement votre culture, éliminez les feuilles, les tiges et les fruits atteints dès l’observation des dégâts. Si un jeune plant est trop attaqué, n’hésitez pas à l’arracher pour endiguer l’infestation. Ne laissez également aucun débris végétal ou fruits au sol. Ceux-ci peuvent constituer des foyers de mineuses.

Certaines plantes sauvages telles que les morelles peuvent servir de plantes « réservoirs » pour la mineuse de la tomate. Désherbez régulièrement et ne laissez pas ces plantes s’installer dans votre serre ou à proximité de la culture.

Toutes ces bonnes pratiques culturales sont indispensables pour lutter contre la mineuse de la tomate. Elles permettent de réduire considérablement l’infestation, notamment en début de saison.

L’implantation d’une punaise prédatrice de chenilles : les Macrolophus

En début de saison et lorsque les plants de tomates commencent à bien se développer, nous vous conseillons d’implanter un insecte qui se nourrit des mineuses à l’état d’oeufs ou bien lors de leur stade baladeur et lorsqu’elles changent de feuilles ou de fruit. Il s’agit de la punaise prédatrice Macrolophus pygmaeus. Cette petite punaise verte de quelque millimètre s’implante très bien dans la culture, même lorsque les proies sont présentes en faible nombre. Elle peut en effet se nourrir de la sève de la plante sans que cela soit préjudiciable.

Lorsqu’un Macrolophus rencontre une mineuse, il va la piquer avec son rostre et aspirer le contenu de l’insecte. Cet agent de lutte biologique est à la base de la stratégie de lutte contre la mineuse de la tomate chez les maraîchers. Il est également efficace contre de nombreux autres ravageurs de la tomate, tels que les araignées rouges ou bien les aleurodes.

Afin d’augmenter l’efficacité des Macrolophus et de pouvoir les retrouver d’une année à l’autre, nous vous recommandons de planter du souci officinal dans la serre, à proximité des tomates. Les soucis fournissent de la nourriture pour les Macrolophus, et un abri de choix pour passer l’hiver. Ils vont jouer le rôle de plantes réservoirs.

Le piégeage de détection avec les pièges à phéromone spécial mineuse de la tomate

Contre la mineuse de la tomate, il convient d’agir le plus tôt possible. Une population de ravageurs bien implantée est très difficile à éliminer…

Le piège à phéromone spécial mineuse de la tomate permet de détecter les vols de papillons avant qu’ils ne débutent leur ponte… Vous aurez ainsi un coup d’avance sur ce ravageur !

Le principe est simple, une capsule de phéromone sexuelle mimant l’odeur d’une femelle de mineuse de la tomate est déposée sur un piège spécifique. Les mâles, attirés par l’odeur vont voler pour rejoindre la phéromone et tomber dans l’eau du piège et se noyer.

Le piège doit être installé en même temps que les plantules de tomates ou autres Solanacées. La phéromone est à renouveler régulièrement, tous les 2 mois.

Bien que les pièges à phéromones capturent des mâles et limite la reproduction, ils ne permettent pas de lutter efficacement contre la mineuse de la tomate… Par contre ils jouent le rôle d’indicateur ! Si des papillons sont capturés, cela veut dire qu’une reproduction est en cours et donc que la ponte est imminente ! 2 solutions s’offrent à vous :

L’installation sans tarder d’une micro-guêpe parasite d’oeufs de mineuses : les trichogrammes

L’installation de micro-guêpes parasitant les œufs de mineuses : les trichogrammes

Les trichogrammes sont de petites guêpes difficilement visibles à l’œil nu. Ils ont la particularité de parasiter les œufs des papillons, dont ceux de la mineuse de la tomate. Lorsqu’un trichogramme rencontre un œuf de mineuse, il pond à l’intérieur. Une larve en sortira et dévorera le contenu de l’œuf avant de donner naissance à un nouveau trichogramme.

Les trichogrammes sont commercialisés sous la forme de diffuseur cartonnés à suspendre dans la plante. Chaque diffuseur protège 10 m² de culture et diffuse pendant 15 jours. Les trichogrammes ayant une durée de vie très courte, ils doivent donc être commandés et installés pendant les périodes de vols de la mineuse.

Le piège à phéromone est donc indispensable pour cibler les lâchers. Dès qu’un papillon est capturé dans le piège, commandez et installez les trichogrammes. Ainsi, aucune chenille ne sortira des œufs de mineuses !

Une remarque importante : l’espèce de trichogramme utilisée pour lutter contre la mineuse (Trichogramma achae) est également efficace sur des noctuelles.

La pulvérisation d’un insecticide biologique contre la mineuse de la tomate

Ce produit biologiques contres la mineuse de la tomate est issue d’une bactérie qui s’attaque spécifiquement aux larves de papillons. Lorsqu’une mineuse grignote une feuille ou une tomate pour pénétrer à l’intérieur, elle ingère la bactérie et meure rapidement.

Pour être efficace, il doit donc être utilisé avant que la mineuse pénètre dans le végétal, et donc pendant le stade baladeur.

Afin de ne pas manquer ce stade, nous vous recommandons vivement d’utiliser un piège à phéromone qui va vous indiquer quand est-ce que les papillons pondent leurs œufs. Dans les jours qui suivent les premières captures, pulvérisez ce traitement bio sur le feuillage. Ainsi, les jeunes chenilles fraîchement écloses se trouveront contaminées avant d’occasionner des dégâts.

Ce produit est inoffensif pour les Macrolophus et les Trichogrammes, il peut être utilisé en parallèle.