Mouche & Ver de l'olive - Traitements naturels et bio

Tout savoir sur le responsable du ver de l’olive : la mouche de l’olivier, Bactrocera oleae

Identification et biologie de la mouche des oliviers

Morphologie

Bactrocera oleae est un diptère (mouche) et qui appartient à la famille des Tephritidae qui regroupe les mouches des fruits telles que la mouche de la cerise, la mouche de la brou de la noix ou la mouche méditerranéenne des fruits.

Comme tous les diptères, la mouche de l’olive passe par 4 stades caractéristiques :

• L’œuf : ils sont minuscules (de 0,7 à 1 mm de long), de forme allongée et d’aspect lisse. Ils ont une couleur blanche à légèrement jaunâtre.
• La larve : l’asticot de la mouche de l’olive mesure 1 à 7 mm suivant son stade de développement (3 stades larvaire pour cette espèce). Comme tous les asticots, il est dépourvu de pattes. Tout comme les œufs, il est blanc à jaunâtre, mais il peut présenter des teintes violacées lorsqu’il se développe dans des olives mûres. Sur les plus gros vers, on peut observer de petites mandibules noires en forme de crochet au niveau de la tête (l’extrémité la plus fine et allongée de la larve).

• La pupe : c’est le stade de développement entre le ver et la mouche adulte. Elle mesure entre 3,5 et 4,5 mm de long et est de forme ellipsoïdale. Sa couleur varie du jaune clair au brun.

• L’adulte : il s’agit d’une petite mouche pouvant atteindre 5 mm de long. Elle est marron, avec des variations de couleur au niveau de la tête qui peut également être jaune ou rouge. L’abdomen présente 4 pairs de bandes noires sur la face dorsale. La femelle présente un ovipositeur noir à l’extrémité de l’abdomen. Il lui sert à déposer ses œufs dans les olives. Ses yeux sont verts avec des reflets métalliques caractéristiques.

Biologie

La mouche de l’olive passe l’hiver principalement sous forme de pupe, enfouie dans le sol, mais peut aussi survivre sous forme adulte si les conditions climatiques sont clémentes. Il n’est donc pas rare d’observer des vols de mouches même en hiver. Celle-ci se nourrit de liquides sucrés (nectar, miellat de cochenilles, fruits en décomposition… Mais on peut également la retrouver sur des excréments.

A la sortie de l’hiver (dès février), avec l’augmentation des températures, les adultes émergent et commencent leur vol et leurs accouplements. Les femelles pondent leurs œufs dans les jeunes olives lorsque celles-ci atteignent une taille de 7 à 8 mm, généralement entre fin juin et mi-juillet. La ponte se poursuit jusqu’au début de l’hiver, bien qu’elle puisse être interrompue en été si les températures deviennent trop élevées.

On qualifie la mouche de l’olive d’espèce multivoltine, c’est-à-dire qu’elle est capable de réaliser plusieurs générations par an. Sous nos latitudes, elle peut accomplir deux à trois cycles, mais ce nombre varie en fonction des conditions météorologiques et des variétés d’olives disponibles. Un adulte peut vivre plus de six mois et une femelle peut pondre entre 200 et 250 œufs au cours de sa vie.

Pour pondre, la femelle utilise son ovipositeur pour perforer la peau de l’olive et y insérer un œuf. Après la ponte, elle sécrète une phéromone de marquage, signal chimique pour indiquer que l’olive a déjà un occupant. Mais en cas de pullulation, plusieurs femelles peuvent parasiter une même olive… Deux à trois jours plus tard (sous une température de 25°C), une larve en sort et commence à creuser des galeries à l’intérieur de l’olive. Cette phase est particulièrement destructrice pour les fruits, entraînant leur chute prématurée et une détérioration de leur qualité. Un aspect fascinant du développement larvaire est la présence d’une bactérie symbiotique dans le tube digestif de la larve et des adultes : Candidatus Erwinia dacicola. Cette bactérie joue un rôle clé dans la digestion des tissus de l’olive, notamment en aidant la larve à se nourrir de la pulpe des fruits verts encore immatures.

Lorsque la larve atteint son dernier stade de développement, elle quitte généralement l’olive et tombe au sol, où elle s’enfouit pour se transformer en pupe, amorçant ainsi un nouveau cycle. Cependant, certaines larves restent à l’intérieur du fruit et se nymphosent directement dans la chair de l’olive, notamment celles qui se développent au printemps et au début de l’été.

L’évolution des populations de mouches de l’olive est influencée par plusieurs facteurs environnementaux, comme la température, l’humidité et la disponibilité des fruits. Des hivers doux et des automnes humides favorisent leur prolifération, augmentant ainsi les risques pour les oliveraies. A l’inverse, des temps chauds et secs arrêtent leur développement et bloquent la ponte des femelles.

D’où viennent les mouches de l’olivier ?

Bactrocera oleae est originaire du bassin méditerranéen. Elle est commune en Italie, en Grèce, en Espagne et dans toute l’Afrique du Nord. Des analyses génétiques ont montré une migration en Iran depuis la Turquie. Elle est aussi présente en Inde et sur la côte Est de l’Afrique.

Elle a été introduite accidentellement au Mexique puis aux Etats Unis en Califorine en 1990 par le commerce d’olives et d’oliviers contaminés.

Cette mouche a une excellente capacité de dispersion, elle peut parcourir une dizaine de kilomètres par jour. Vous n’êtes donc pas à l’abri d’une infestation extérieure à votre oliveraie.

Les cultures attaquées par la mouche de l’olive

La mouche de l’olive est inféodée aux oliviers cultivés Olea europaea et sauvage : l’oléastre.

Les grandes oliveraies avec peu de diversité sont particulièrement sensibles aux attaques de mouches de l’olivier.

Symptômes et dégâts occasionnés dans l’oliveraie

La mouche de l’olive est le principal ravageur des oliveraies.

On peut noter que la période la plus à risque est l’automne, les olives ont alors une maturité optimale pour les mouches.

Les dégâts se situent à plusieurs niveaux :

• Piqûre de ponte : au moment de pondre son œuf, la femelle incise la peau de l’olive avec son ovipositeur. Cela provoque l’apparition d’une petite tâche brune à peine visible (0,5 mm) mais qui peut évoluer en pourrissement.
• Développement larvaire : Durant sa croissance, l’asticot se nourrit de la chaire de l’olive. Celle-ci s’oxyde au contact de l’air et des déjections de la larve… L’huile d’olive peut prendre un goût acide et avoir un goût altéré. 
• Trou de sortie : Au moment ou la larve ou la mouche quitte l’olive, elle laisse derrière elle un trou de 2 mm de diamètre qui est une porte d’entrée pour les champignons et les bactéries responsables du pourrissement.

Les conséquences de ces attaques sont une chute prématurée des fruits, un pourrissement, une altération de leur qualité les rendant impropre à la consommation. On peut noter que le seuil de tolérance pour la confection de l’huile d’olive est de 2% de fruit parasité et 0% pour les olives de table.

Risque de confusion avec la teigne de l’olivier

Un autre ravageur problématique sur olivier est la teigne de l’olivier, Prays oleae. Ce petit papillon fait 3 générations par an :

• Une au printemps : sa chenille se développe dans les fleurs.
• Une à l’été : sa larve se développe dans le noyau de l’olive où elle dévore l’amandon
• A l’automne : la chenille se développe dans les feuilles en formant des mines.

C’est essentiellement sur la génération de l’été que la confusion peut avoir lieu. La chenille se développant dans l’olive et provoquant une chute des fruits, elle peut être confondu avec le ver de la mouche de l’olive.

Pour les distinguer facilement : 

• La teigne de l’olive se développe dans l’amandon de l’olive alors que la mouche se nourrit de la pulpe.
• La teigne de l’olive est un papillon, sa larve est donc une chenille, possédant une tête et des pattes visibles alors que la larve de la mouche de l’olive est un asticot, sans tête et sans pattes visibles.

La lutte biologique contre la mouche de l’olivier

Les bonnes pratiques culturales

Le choix des variétés résistantes

Privilégiez les variétés tardives, à petits fruits et peaux épaisses. Elles sont moins enclines à être parasitées par les vers de l’olive. 

Les variétés à gros fruits et à peau fine telles que Lucques, Bouteillan, Verdale de l'Hérault sont quant à elles très sensibles.

Le ramassage des olives véreuses ou tombées au sol

Si vous êtes un particulier et que vous ne possédez que quelques oliviers, cette solution reste envisageable. Contrôlez les olives et retirez celles qui présentent des traces de piqures.

Ramassez également toutes les olives tombées au sol, des larves ou des pupes peuvent encore se trouver à l’intérieur !

La réduction ou l’arrêt de l’irrigation

La mouche de l’olivier a besoin de beaucoup d’humidité et s’abreuve régulièrement. En cas de fort infestation ou de période à risque, nous vous recommandons de limiter l’irrigation au maximum.

Griffer le sol avant un épisode de gel

On peut noter que durant un hiver normal, seulement 20% des pupes hivernantes dans le sol survivent, et que très peu peuvent résister en dessous de 0°C. C’est pourquoi, si un épisode de gel est prévu, nous vous recommandons de griffer le sol sous les oliviers afin de faire pénétrer le froid dans la terre et d’augmenter la mortalité des pupes.

Le piégeage de masse avec les pièges à phéromone spécial mouche de l’olivier

Ce piège spécial mouche des fruits est à utiliser avec un attractif alimentaire ou une phéromone. Ils vont attirer les mouches lors de leur période de vol à l’intérieur du piège et les éliminer. 

En capturant un grand nombre d’individus, il limitera la reproduction des adultes. Mais son usage premier est de servir d’indicateur de pontes en cours. Contrôlez vos pièges chaque semaine durant la période à risque, de fin Juin à fin Juillet, puis en Septembre et Octobre. En cas de capture, nous vous recommandons d’appliquer du talc qui empêchera les mouches de pondre dans les olives.

Les traitements bio

La pulvérisation de talc

Il s’agit sans doute de la meilleure solution biologique destinée aux particuliers pour lutter contre la mouche de l’olive.

Une fois dilué dans l’eau et pulvérisé sur les oliviers, le talc va recouvrir les fruits d’une barrière minérale protectrice. Les mouches de l’olive n’arrivent plus à identifier les fruits et elles ne pondront pas à l’intérieur.

Les inconvénients de ce traitement : il est à renouveler après chaque précipitation supérieure à 10 mm et il ne protégera que les olives touchées par le produit.

Les nématodes anti mouche de l’olivier

Les nématodes entomopathogènes SF sont des vers microscopiques présents naturellement dans les sols français. Ils parasitent et se nourrissent des insectes présents dans le sol.

Les nématodes SF se présentent sous forme de poudre à diluer dans l’eau, puis à appliquer par arrosage sous l’olivier. Une fois dans le sol, ils ciblent différents stades de développement de la mouche de l’olivier :

• Les larves descendant dans le sol pour hiverner.
• Les larves présentes dans les olives tombées au sol.
• Les pupes en dormance jusqu’au printemps.
• Les mouches émergentes quittant leur pupe.

Pour une efficacité optimale, l’application doit se faire entre la récolte des olives et le début du printemps, idéalement de novembre à décembre. En réduisant drastiquement la population hivernale de mouches, ce traitement diminue significativement les infestations de l’année suivante. 

Résultats observés :

• Efficacité sur les larves rejoignant le sol : 83 %
• Efficacité sur les vers dans les olives au sol : 80 %
• Efficacité sur les pupes dans le sol : 50 %

Les filets anti-insectes

Appelés également toile insect-proof, ces filets à mailles fines sont à installer sur les oliviers. Ils créent une barrière physique qui empêche les mouches de passer.

Ce dispositif très efficace s’il est bien installé présente néanmoins quelques inconvénients :

• Son coût : ces filets restent assez onéreux et ne protègent qu’un seul arbre à la fois
• L’esthétisme : visuellement, avoir des oliviers empaquetés dans une toile en plastique blanc n’est pas ce qu’il y a de plus joli.
• Il est constitué de plastique qui sous l’action des UV et des intempéries va se dégrader en micro-plastiques.
• Il va également empêcher les insectes utiles d’aller sur l’olivier, laissant le champ libre à certains ravageur (cochenilles, psylles…).

Les prédateurs et parasites naturels de la mouche de l’olivier

La mouche de l’olivier étant endémique dans le bassin méditerranéen, ils existe de nombreux prédateurs naturellement présents qui peuvent contrôler les populations de ce ravageur.

Pour cela, il convient de leur offrir un environnement varié avec une bonne biodiversité. Vous pouvez aménager les abords de votre oliveraie de manière à offrir un habitat et de la nourriture aux auxiliaires présents. On appelle cela, la lutte biologique par conservation.

Les chauves-souris

La mouche de l’olivier a une activité crépusculaire, tout comme la chauve souris, et plus particulièrement les pipistrelles. Ces dernières sont très friandes de mouches de l’olivier qu’elles attrapent en soirée. Une analyse de leur déjection a montré que dans les oliveraies, 30% de leur régime alimentaire était constitué de mouches de l’olivier.

Actuellement, de nombreux oléiculteur installent des gites à chauves-souris dans leur culture.

Pour être efficace, nos abris à chauves-souris doivent être installés à 3 ou 4 m de haut.

Les mésanges

Les pipistrelles agissent sur les mouches, mais pour une action sur les larves, les mésanges sont redoutables !

Elles se nourrissent des larves au moment où elles quittent les olives. Elles peuvent également consommer les mouches lors de leur sortie de la pupe.

Elles sont également de bonnes prédatrices de nombreux autres ravageurs des oliviers, comme par exemple la teigne de l’olivier.

Pensez à installer des nichoirs à mésanges dans vos arbres afin de favoriser sa nidification.

Les micro-guêpes parasitoïdes 

Il existe toute une cohorte de petites guêpes solitaires (inoffensives pour l’homme et les animaux) qui parasitent les larves ou les pupes des mouches de l’olivier. Nous vous avons listé les principales espèces ainsi que les plantes à installer dans votre oliveraie pour les favoriser.

• Opius ou Psyttalia concolor : ce petit Braconidé pond ses œufs dans les larves de la mouche de l’olive, il en sort une larve qui va la dévorer de l’intérieur. Implantez des haies contenant des jujubiers, des câpriers, des Lyciums qui hébergent des mouches piqueuses de la même famille que la mouche de l’olive (Tephritidae). Cela constituera une source de nourriture supplémentaire pour cet auxiliaire.
• Pnigalio mediterraneus est un parasite majeur de la mouche de l’olivier. Elle se développe également dans d’autres insectes qui fréquentent les chênes, les micocouliers… implantez ces plantes au plus proche des oliviers.
• Eupelmus urozonus : cette petite guêpe au reflet métallique est un parasite de nombreux insectes. Elle est redoutable contre la mouche de l’olive. Pour favoriser son implantation, implantez de l’inule visqueuse (Inula viscosa) qui hébergent un hôte important dans lequel elle se maintien durant l’hiver : Myopites stylata. 

De manière général, il est fortement recommandé d’implanter des plantes de la famille des Astéracées dans son oliveraie. Elles hébergent une mouche proche de la mouche de l’olive : la mouche du carthame, Acanthiophilus helianthi. Parmi les plantes à privilégier on retrouve le carthame, le chardon Marie, le laiteron maraîcher, l’artichaut, les centaurées…