Mouche du noyer, mouche du brou de noix : traitements bio & naturels

La mouche du brou, carte d’identité d’un ver destructeur de noix !

D’où viennent les vers qui parasitent le brou des noix ?

Vous n’arrivez plus à avoir de noix ? Celles-ci noircissent sur l’arbre, pourrissent et chutent prématurément ? Il s’agit sans doute de la mouche du brou de la noix. Ce petit diptère originaire d’Amérique du nord a été introduit en Suisse en 1988, puis observé en Italie en 1991. Il a ensuite été repéré en France en 2007. Cette mouche est maintenant présente sur tout notre territoire.

Elle est capable de parcourir plusieurs kilomètres, vous n’êtes donc pas à l’abri d’une contamination. Une fois qu’un noyer est parasité, vous retrouverez les mouches d’une année à l’autre, car elle passe l’hiver dans le sol, sous l'arbre.

Caractères morphologiques de la mouche du noyer

La mouche du noyer est un diptère appartenant à la famille des Tephritidae, au même titre que la mouche de l’olive, la mouche de la cerise et la mouche méditerranéenne.

Les diptères passent par 4 phases de développement :

• L’œuf : ils sont groupés par paquet de 15 à 20 et de couleur blanchâtre.
• L’asticot : dans un premier temps, les petites larves sont de couleur blanche et mesure moins d’un millimètre. En grossissant, elles prennent une teinte jaunâtre. A la fin de leur développement, elles mesurent 6 mm.

• La pupe : c’est le stade intermédiaire entre l’asticot et la mouche. Elles ont la forme d’une petite capsule cylindrique et elles sont de couleur jaunâtre.
• La mouche : elle est relativement petite : 4 à 7 mm de long, de couleur marron clair à rousse avec un point jaune caractéristique à la base du thorax. Ses ailes sont transparentes avec 3 bandes noires, avec celle à l’extrémité de l’aile qui ressemble à un « L » allongé ou un « V ». Elle possède des yeux verts ou bleutés, avec des reflets métalliques.

Cycle biologique

Rhagoletis completa passe l’hiver sous forme de pupe dans le sol. L’émergence a généralement lieu à partir de début Juillet et se poursuit jusqu’à la fin Août.

L’accouplement a lieu 6 à 8 jours, et les premières pontes apparaissent 1 à 2 semaines plus tard (de fin Juillet à début Septembre. Les femelles sont très prolifiques, elles peuvent pondre 300 à 400 œufs au cours de leur vie.  Pour cela, elles déposent 15 à 20 œufs par noix, en faisant une petite incision avec leur ovipositeur. Dès qu’elle a déposé ses œufs, la femelle marque la noix avec une phéromone pour signaler qu’elle est déjà occupée.

3 à 7 jours après la ponte, de petits asticots blancs sortent des œufs et commencent à se nourrir du brou. Leur développement dure généralement 1 mois, mais il est fortement dépendant des températures. Lorsque leur croissance est terminée (fin Août à fin fin septembre), les larves quittent les noix pour rejoindre le sol. Elles s’enterrent rapidement et débutent leur nymphose pour pouvoir passer l’hiver sous forme de pupe.

On peut noter que 84% des adultes mergeront l’année suivante et 9 % 2 ans après (les 7 % restant meurent naturellement). Ceci est une adaptation permettant à l’espèce de survivre en cas de mauvaises conditions météo (gelées) qui détruirait l’intégralité des fleurs de noyers une année.

Les cultures sensibles à la mouche du brou 

Ce sont les noyers qui sont essentiellement attaqués par les mouches du brou :

• Le noyer commun : Juglans regia
• Le noyer d'Amérique ou noyer noir : Juglans nigra
• Le noyer de Californie : Juglans californica ou Juglans hindsii

Elle pourrait également s’attaquer aux pêchers, Prunus persica, mais peu d’études ont été faites pour confirmer cela.

Rhagoletis completa est aussi capable de parasiter l’aubépine.

Les signes d’une attaque de mouche du brou et les dégâts occasionnés

Les symptômes et les dégâts provoqués par une attaque de mouche du noyer sont caractéristiques :

• Lorsque les noix sont encore vertes, on peut observer une petite cicatrice noire sur les fruits. Elle est causée par l’incision que fait la femelle avec son ovipositeur pour déposer ses œufs.
• Les fruits noircissent progressivement et pourrissent sur l’arbre. Certains chutent prématurément.

Les attaques précoces à la mi-août sont les plus préjudiciables car elles provoquent une chute des noix… Pour les attaques tardives, les fruits ne tombent pas mais le brou reste collé à la coquille de et laissent des traces noires, réduisant leur valeur.

On peut noter que 80 à 90% des noix sont parasitées en l’absence de traitements

Risque de confusion avec le carpocapse des pommes poires et noix

Le carpocapse des pommes est capable de parasiter les noix, ce qui lui vaut également le nom de ver de la pomme, poire et noix. Mais sa biologie et ses dégâts sont bien différents. Pour les distinguer :

• La larve du carpocapse est une chenille blanche à rose, avec une tête et des pattes bien visibles. Alors que l’asticot de la mouche de la noix n’a pas de pattes, ni de tête visible.
• La larve du carpocapse se développe à l’intérieur de la noix et elle est seule. Tandis que les larves de Rhagoletis completa se développent dans le brou (partie verte qui entoure la noix) et on peut en dénombrer une vingtaine par fruit.

La stratégie de lutte biologique pour se débarrasser des mouches du brou de noix

Les bonnes pratiques culturales dans la noyeraie

Le ramassage des noix qui tombent au sol

Ramassez progressivement tous les fruits qui tombent au sol, ils peuvent encore contenir des larves. Ne les compostez pas mais jetez-les à la poubelle.

Ne laissez aucune noix ou débris de brou sur place après la récolte. Ils peuvent la aussi contenir des vers.

Griffer le sol en hiver

Griffer le sol durant l’hiver sous les noyers (lorsque cela est possible) permet de faire pénétrer le froid dans les premiers centimètres du sol. En cas de fortes gelées, les pupes de mouches seront détruites.

Le piégeage des mouches du brou

Le piège à phéromone ou attractif

Le piège à phéromone contre la mouche de la noix va permettre de repérer les premiers vols de mouches et donc le début des premiers accouplements et des premières pontes. Il est à utiliser avec une phéromone spécifique ou un attractif ammoniacal.

Les mouches vont être attirée dans se piège et se noyer. En plus de repérer les premiers vols, ils en éliminent une partie, limitant la reproduction.

Le piège englué jaune : une mauvaise idée

La mouche du brou est attiré par la couleur jaune, c’est pour cela qu’il est recommandé d’installer des plaques engluées jaunes dans les noyers. Nous vous déconseillons fortement cette solution. Ce type de piège collant n’est pas du tout sélectif et va également piéger des prédateurs de mouches du noyer ainsi que des pollinisateurs. Préférez le piège à phéromone qui est beaucoup plus sélectif et durable…

La pulvérisation d’une barrière minérale protectrice : le talc

Le talc est à diluer dans l’eau et à pulvériser sur les noyers en ciblant les fruits lors des périodes de vol de la mouche (Juillet-Août). Il va recouvrir les noix d’une couche blanche, ce qui les rend invisibles aux yeux de la mouche qui devient incapable de pondre à l’intérieur.

L’idéal est d’utiliser un piège à phéromone. Dès les premières captures, vous pouvez appliquer le talc.

Cette solution très efficace présente néanmoins 2 inconvénients :

• La pluie va lessiver le traitement : il faudra renouveler l’application si les précipitations sont supérieures à 10 mm.
• Le produit va uniquement protéger les noix qui auront été atteintes lors de la pulvérisation. Vous ne pourrez donc protéger que les noix accessibles, sauf si vous êtes équipé d’un atomiseur ou si vos noyers ne sont pas trop grands.

Un traitement biologique : les nématodes SF anti mouche du brou

Les nématodes SF sont de minuscules vers du sol, invisibles à l'œil nu, mais redoutables contre la mouche du brou du noyer. Leur mode d’action est simple : ils parasitent les larves d’insectes en se multipliant à l’intérieur, ce qui entraîne leur mort.

Ce traitement se présente sous forme de poudre à diluer dans l’eau, puis à appliquer à l’arrosoir sous le noyer. Son efficacité repose sur une application au bon moment, juste avant que les larves de la mouche du brou ne quittent les noix pour s’enfouir dans le sol. À ce stade, les nématodes les parasitent avant leur transformation en pupes, qui, elles, sont plus résistantes.

Pour maximiser son efficacité, nous recommandons deux applications espacées de 15 jours :

• Mi-août : pour cibler les premières larves qui terminent leur développement et commencent à s’enfoncer dans le sol.
• Début septembre : période de pic d’activité des larves, c’est le traitement le plus important à ne pas manquer !

L’application des nématodes demande de la rigueur : elle doit être réalisée au bon moment pour être efficace. De plus, les résultats ne seront visibles que la saison suivante. Pour un contrôle durable de la mouche du brou, il est essentiel de renouveler le traitement chaque année.