Psylles
Psylles : Comment les identifier et les éliminer avec la lutte biologique ?
Les psylles sont de petits insectes piqueurs-suceurs qui s’attaquent à de nombreuses plantes, provoquant des déformations des feuilles, des dépôts de miellat et la propagation de maladies. Pour les identifier, il faut observer la présence de larves cireuses, de petites piqûres sur le feuillage et de fourmis attirées par le miellat.
Plutôt que d'utiliser des insecticides chimiques, la lutte biologique offre des solutions efficaces et respectueuses de l’environnement. Favoriser l’habitat de prédateurs naturels comme certaines espèces de coccinelles ou bien faire des lâchers de chrysopes permet de contrôler naturellement les populations de psylles. De plus, des traitements à base d’huiles végétales donnent de bons résultats.
En combinant ces méthodes, il est possible de protéger durablement les cultures tout en préservant l’équilibre écologique du jardin.
Qu’est-ce qu’un psylle et quels dégâts provoque-t-il ?
Comment identifier les psylles ?
Ce genre d'insectes vert-jaunâtre (du grec psulla, signifiant puce) se divise en deux familles : les Psyllidés et les Triozidés. Ce sont des insectes suceurs de sève appartenant à l'ordre des Hémiptères.
Ces ravageurs au stade adulte atteignent une longueur de corps de 1 à 4 millimètres. Ils sont très actifs et se déplacent en sautant et en vols brefs à l’aide de leurs deux paires d’ailes bien développées et des pattes postérieures fortes, adaptées au saut. Leur apparence rappelle celle des pucerons ou des cicadelles. La nervure de l'aile est une caractéristique d'identification importante de l'espèce, comme par exemple un ptérostigma, une cellule colorée, située en général près de l'extremité de l'aile. Les psylles disposent de trois pointes sur la tête dont deux latérales portent les yeux (ocelles) et la troisième se situe au milieu du front. Les antennes de la plupart des espèces ont dix segments, mais très peu d’espèces en ont six, huit ou neuf.
Les larves sont aplaties, rappelant la cochenille, et elles se déplacent très lentement en laissant une cire blanche ainsi qu’un amas poisseux derrière elles. Pour identifier les nymphes, il faut se référer à la position de l'anus ainsi qu’à la disposition des pores des glandes cireuses.
Développement des psylles
Les espèces se reproduisent de manière sexuée. Seule l’espèce Cacopsylla myrtilli peut également se reproduire par parthénogénése. Les femelles pondent principalement sur les feuilles, les pousses et les tiges. Les œufs ont un pédicelle qui s'ancre dans le tissu végétal. Chez certaines espèces, cela crée une petite galle en forme de fosse dans laquelle la nymphe reste jusqu'à la première mue. Les larves de psylles passent par cinq stades au total avant de muer pour devenir des insectes adultes. En Europe centrale, la plupart des espèces produisent une génération par an, mais il existe aussi des espèces qui produisent deux générations ou plus dans des régions plus chaudes. L'hibernation s'effectue généralement sous forme d'imago (stade adulte) mais également au stade œuf ou sous forme de nymphes, soit sur les plantes hôtes, soit sur d'autres plantes offrant une protection, par exemple dans les fissures de l'écorce. Au printemps ils recherchent à nouveau les plantes hôtes afin de pondre après l'accouplement. Pour cela certaines espèces peuvent produire des sons par stridulation (communication acoustique) combinée avec une vibration des ailes. Semblables à d’autres types de poux des plantes, les psylles sécrètent également du miellat, qui est collecté par les fourmis, les mouches ou les abeilles. Les adultes et les nymphes produisent des sécrétions de cire qui les protègent du dessèchement, de l’humidité et de leur propre miellat.
Les symptômes et les dégâts provoqués par une infestation de psylles
Les adultes et les nymphes se nourrissent de diverses plantes hôtes comme des arbres fruitiers et du laurier, en suçant la sève des plantes. La plupart des psylles se développent uniquement sur un type de plante spécifique ou une même famille de plantes, alors que très peu d’espèces sont généralistes. Ils attaquent les jeunes pousses, les feuilles et les pétioles. Mais il existe aussi des espèces qui parasitent des branches ligneuses ou des racines.
En piquant les plantes, certaines espèces provoquent des déformations ou des galles végétales voire la mort de certaines parties des plantes. Le miellat, excrété en grande quantité, notamment par les larves et les nymphes, peut coller des brindilles et même des feuilles et des branches entières chez certaines espèces. Ce sont les larves qui causent les plus gros dégâts aux plantes. Les plantes affectées par ces nuisibles ont initialement des feuilles brunes et déformées. Celles-ci sont souvent courbées vers le haut en forme de cuillère. Selon l'ampleur, les fruits des arbres peuvent également être endommagés. Les petits insectes se trouvent généralement aux extrémités des pousses, qui commencent à se flétrir en cas d'infestation grave. Les arbres fruitiers comme les pommes et les poires sont le plus souvent attaqués par les psylles. Mais les arbres ornementaux comme le buis ou l’aubépine sont aussi des plantes hôtes des insectes. Les individus qui s’en prennent aux arbres fruitiers piquent souvent les bourgeons, provoquant la chute des fleurs.
Étant donné que le miellat sucré est également un terrain fertile pour certains champignons, tels que la fumagine. Les piqures peuvent causer des dommages secondaires à la plante. Ces zones endommagées sont particulièrement fréquentes sur les poires.
De plus, certaines espèces sont vectrices de maladies des plantes ou de leurs agents pathogènes. Elles transmettent diverses infections bactériennes et virales aux plantes, c'est pourquoi elles sont particulièrement redoutées dans la culture fruitière. Ces maladies des plantes ne sont généralement pas guérissables et entraînent dans de nombreux cas la perte de la plante entière. Ces agents pathogènes sont des représentants des phytoplasmes, donc des bactéries sans paroi cellulaire qui se multiplient dans les canaux du phloème des plantes infectées. Les maladies des arbres fruitiers qui sont transmises le plus couramment par les psylles comprennent le feu bactérien et la pourriture du poirier.
Les principales espèces de psylles ravageurs
Il existe plusieurs espèces de psylles en France qui sont notamment connues dans l’agriculture et arboriculture. Les psylles les plus répandus au jardin et en agriculture sont les suivants :
Le psylle du pommier (Cacopsylla mali)
C’est un insecte suceur parasite des pommiers avec une longueur du corps d'environ 3,5mm. Leur couleur va du vert clair au vert foncé au printemps et en été et du rougeâtre au brun foncé en automne. Les mâles et les femelles sont ailés. Au repos, ils portent leurs quatre ailes en forme de toit sur leur corps. Les deux segments terminaux des antennes jaune clair sont rouges, les nervures des ailes sont jaune clair. Les larves mesurent 1 à 2 mm de long, sont plates et de couleur pâle, ont les yeux rouges et n'ont pas d'ailes complètement développées. Elles se nourrissent sur les jeunes feuilles et les bourgeons et excrétant un miellat qui provoque la formation de fumagine, une maladie cryptogamique provoquée par des moisissures noires. Les ravageurs des feuilles de pommier au stade adulte sont doués pour le saut. Leurs œufs ovales allongés sont jaunes et mesurent environ 0,4mm. Une intervention n’est nécessaire seulement lorsque l’infestation est importante et si vous observez un grand nombre d’œufs sur le bois de l’arbre (plus de 250 par mètre de bois contrôlé).
Le psylle du poirier (Cacopsylla pyri)
Les adultes mesurent environ 2,2 à 2,8 mm de long et ressemblent beaucoup aux petites cigales notamment en raison de leur bonne capacité de saut. Le corps est sombre. Les ailes sont transparentes et portées comme un toit sur le dos au repos. Ils forment de grandes colonies sur les jeunes pousses, les fleurs, les feuilles et parfois sur les fruits de poiriers. En suçant le phloème, les larves provoquent la déformation des feuilles, fortement enroulées, qui sèchent et tombent prématurément. La croissance des pousses est inhibée. Les larves produisent en plus beaucoup de miellat sur lequel se développent les champignons de la fumagine. Les feuilles et les fruits se salissent et perdent de la valeur. Le petit nuisible du poirier transmet également le pathogène de la pourriture du poirier, une maladie dangereuse causée par des phytoplasmes. Il est conseillé de supprimer au mois de juin des gourmands en surnombre, qui sont les premiers attaqués. Afin d’éviter le retour des psylles, il faut prendre des mesures de précaution en février avant qu’ils pondent leurs œufs.
Le psylle de l’olivier (Euphyllura olivina) ou psylle du coton des fleurs
C’est une espèce d’insectes originaire du bassin méditerranéen. Ils vivent environ 3 mois et mesurent jusqu'à 2,5 mm de long. Eux aussi sont de bons sauteurs, ils rappellent visuellement la larve d'une cigale, avec un corps vert clair, leur tête large et leurs grands yeux. Ils excrètent une substance cireuse sur les feuilles, à l'aisselle des feuilles, sur les fleurs et les jeunes fruits, qui enveloppe les ravageurs dans de petites toiles blanches et graisseuse. Les psylles femelles de l’olivier commencent à pondre lorsque les plantes produisent de nouvelles pousses. Les œufs sont pondus sur les branches et entre les feuilles des jeunes pousses. En générale 3 générations de psylles de l’olivier se produisent par saison. La 1ère génération apparaît en mars, la 2ème en mai (lorsque l'olivier fleurit) et la 3ème en septembre (pendant la maturation des fruits). Ils sucent les feuilles, les pousses et les fleurs et affaiblissent ainsi la plante. Ils excrètent du miellat, qui peut également conduire à des champignons noirs. Les feuilles et les fleurs infectées tombent prématurément et entraînent une réduction des récoltes de fruits. Les psylles de l'olivier doivent être combattus dès le mois de mars, dès leur première apparition, car cela limite directement la population des générations suivantes. Idéalement, vous devriez combattre les psylles avant la formation des toiles blanches, car celles-ci protègent les parasites.
Le psylle de albizia (Acizzia jamatonica)
C’est un insecte ravageur qui s'attaque aux feuilles, aux fleurs et aux fruits de l'albizia entre avril et octobre en plusieurs générations ce qui rend difficile la lutte contre cette espèce. Les adultes mesurent 1,8 à 2,3 mm, les femelles étant plus grandes que les males. Leur couleur varie selon la saison, du jaune-vert en été au rose-brun en automne et leurs yeux sont rouges. Les larves sont de couleur vert-jaunâtre avec également des yeux rouges. Les œufs jaune-orange sont pondus le long des folioles et mesurent environ 0,3 mm. Les dégâts s’observent sur les feuilles, les fleurs et les jeunes pousses colonisées par les larves et par les adultes. Un miellat abondant est produit par les insectes, à l’origine de l’apparition de fumagines. Comme les générations se chevauchent au cours d’une saison, de nombreuses interventions sont nécessaires pour limiter la prolifération de la colonie.
Le psylle de l’Elaeagnus ou du Chalef (Cacopsylla fulguralis)
Une espèce envahissante originaire du Japon qui se propage rapidement vers le nord, et mesure entre 2 à 2,5mm une fois adulte. Il se différencie des autres psylles français par la coloration et la disposition de taches des ailes antérieures qui sont de couleur brune en tache noires. Les adultes et les nymphes se nourrissent de la sève d’arbres d’ornement comme l’elaeagnus au revers des feuilles. Ils sont très actifs et produisent un miellat abondant qui va recouvrir les feuilles, ce qui favorise la croissance des champignons de fumagine et limite l’activité photosynthétique. Une infestation grave entraîne une chlorose, la chute prématurée des feuilles et la mort des parties aériennes. De sérieux dégâts ont été rapportés, tant sur plantules que sur plantes établies.
Le psylle du laurier (Lauritrioza alacris)
C’est une espèce commune en Europe continentale, en particulier dans les régions méditerranéennes ou elle se trouve souvent dans les massifs de fleurs des villes et des agglomérations. Les adultes mesurent 3 à 4 mm, avec des ailes antérieures de 2,4 à 3,1mm de long et translucides avec des nervures jaunes. Ils peuvent former 3 à 4 générations par an avant d’hiverner sur la plante hôte (Laurus nobilis) ou sur des arbres à feuilles persistantes. Au printemps ils se nourrissent des nouvelles pousses et les bords se recourbent sous l’action irritante de leur salive. Ces déformations fournissent ainsi un lieu favorable pour la ponte d’oeufs. Les larves, apparaissent blanc-jaunâtre clair à blanc-grisâtre avec les deux derniers segments noirs. Elles piquent la face inférieure des jeunes feuilles. Les bords des feuilles se tournent vers le bas, gonflent et jaunissent en formant des galles. Les larves sont entourées de fils cireux blancs qui jouent un rôle de protection. Ils excrètent du miellat, sur lequel se forment des moisissures de fumagine noire.
Le psylle du buis (Psylla buxi)
Il s’agit d’un ravageur répandu sur le buis. On le rencontre particulièrement sur les jeunes pousses de buis. Les larves plates, qui ne mesurent que quelques millimètres, sont de couleur verdâtre et recouvertes d'une couche de cire blanche. Elles passent par cinq étapes sur une période d'environ six semaines avant de devenir adultes. À partir de juin environ, apparaissent les psylles adultes équipés de pattes postérieures solides, qui sautent rapidement lorsqu'ils sont dérangés. Les adultes pondent leurs œufs dans les tissus de la plante hôte en juillet, d'où éclosent de nouvelles larves la même année. Celles-ci hivernent sur la plante, protégées par leurs propres sécrétions de cire, et deviennent actives au printemps. Cela signifie qu'une seule génération est formée par an. Si les jeunes feuilles au sommet des pousses du buis se courbent comme une cuillère, cela indique une infestation par le psylle du buis. Les larves sont situées dans des galles sphériques ou elles sucent les tissus de la plante. Au cours de leur activité de succion les larves produisent beaucoup de miellat collant, qui est généralement colonisé par un champignon : la fumagine noire. En entravant la photosynthèse les champignons peuvent affaiblir les plantes et altérer leur valeur ornementale. Les feuilles affectées présentent également un léger jaunissement.
Quels sont les traitements biologiques et naturels pour lutter contre les psylles ?
Favoriser l'habitat des prédateurs naturels de psylles
Pour prévenir les attaques de psylles, il faut encourager leurs ennemis naturels. De nombreux insectes utiles tels que les araignées, les guêpes parasites et les chrysopes maintiennent ces ravageurs sous contrôle mais également les punaises et les coccinelles (les coccinelles du genre Calvia sont de bonnes prédatrices de psylles) et certains champignons de l’ordre des Entomophthorales.
Afin de les favoriser, pensez à implanter des mélanges fleuris à proximité des plantes sensibles ou bien de laisser certaines zones en jachère.
Des abris à insectes auxiliaires peuvent également permettre aux chrysopes et aux coccinelles de passer l'hiver sur votre terrain.
La taille ou le retrait des colonies de psylles
Soyez attentifs à la présence de miellat et recherchez l’insecte sur les feuilles. Les colonies ont tendance à regrouper à la fois des adultes (ailés), des larves et des nymphes en même temps. Ils sont visibles par leurs dégâts (perles de miellat blanc-givré) ou à la loupe principalement le long des nervures.
Si vous constatez une infestation de psylles sur vos plantes, vous devez agir immédiatement. Tout d’abord, retirez toutes les feuilles et pousses infectées. Le psylle du buis peut être facilement retiré des plantes contaminées à la main.
Afin de se débarrasser de ce nuisible sans pesticides chimiques, il est préférable de tailler les plantes, comme par exemple le buis, en juillet ou août après la ponte des œufs (taille topiaire). Jetez ensuite les boutures dans un bac fermé, mais jamais dans le compost.
Les produits naturels pour se débarrasser des psylles
Pour certaines espèces de psylles, une application de blanc arboricole sur les troncs peut éliminer les stades hivernants
Les arbres fruitiers et ornementaux peuvent également être protégés des infestations de parasites en les pulvérisant avec de la macération huileuse d’ail lorsqu'ils poussent en hiver. Les préparations contenant de l'huile étouffent de manière fiable les œufs des psylles, mais nuisent souvent aussi aux insectes utiles et ne doivent donc pas être utilisées trop souvent et au cas par cas.
Un autre produit qui donne de bons résultats sur les psylles est l’insecticide végétal polyvalent. Son fonctionnement est similaire à la macération huileuse d’ail. Il va recouvrir les psylles d’un film huileux qui va les asphyxier.
Un produit naturel à base d’huile essentiel d’orange douce, l’Oriange, peut être appliqué sur les cultures fruitières infestées de psylles. Il s’agit à l’heure actuel du meilleur traitement bio disponible sur le marché pour les jardiniers amateurs.
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