Puceron lanigère du pommier
Le puceron lanigère du pommier, identification et traitements naturels
Les branches de votre pommier sont recouvertes d’amas blancs cotonneux ? Il s’agit très probablement d’une attaque de pucerons lanigère du pommier (Eriosoma lanigerum) ! Ce petit puceron marron à noir se développe sur les branches et le tronc des pommiers en formant des colonies imposantes. Il a la particularité de se cacher sous un amas cireux blanc qu’il produit en grande quantité. Contrairement aux espèces qui s’attaquent aux feuilles, une infestation de pucerons lanigère peut être fatale pour votre arbre… Vous trouverez ci-dessous toutes les informations pour identifier et comprendre le mode de vie du puceron lanigère du pommier, ainsi que les moyens de lutte naturelle efficaces pour s’en débarrasser.
Le puceron lanigère ou laineux : tout savoir sur ce fléau des pommiers
Savoir identifier et connaître la biologie du puceron laineux du pommier : Eriosoma lanigerum
Il s’agit d’un puceron très facile à identifier. En effet, le puceron lanigère du pommier a la particularité de produire une cire protectrice de couleur blanche et d’aspect cotonneuse ou laineuse. Cette dernière lui vaut également d’être appelé le puceron laineux du pommier.
Sous cet amas cotonneux se trouve la colonie de pucerons… Ils mesurent entre 1,2 et 2,6 mm et ils sont de couleur marron à noir avec des teintes tirant sur le rosé ou violet. Leur corps est recouvert de petites écailles blanches qui sont de la cire en production. Un autre trait morphologique qui les caractérise est l’absence de cornicules visibles (Une paire de petits appendices situées à l’extrémité de l’abdomen). Pour confirmer le diagnostic, vous pouvez écraser quelques pucerons entre vos doigts, il en sortira un liquide rouge légèrement sirupeux.
Le puceron lanigère du pommier se nourrit de la sève de l’arbre qu’il prélève grâce à son rostre.
Le puceron lanigère passe l’hiver en formant de petites colonies dans les crevasses des écorces, des chancres et au niveau du collet ou des racines en surface. Dès le mois de Mars et lorsque les températures dépassent les 5 à 7 degrés, les pucerons reprennent leur développement et commencent à pondre. On peut noter que chez cette espèce, il n’y a pas de mâles. Les femelles donnent naissance à d’autre pucerons femelles sans reproduction sexuée. On parle alors de parthénogenèse et de pucerons anholocycliques. Chaque puceron laineux peut donner naissance à une centaines de pucerons et on peut observer jusqu’à 14 générations par an… Ce qui le rend extrêmement prolifique et problématique.
Lorsque qu’arrive le mois de Mai, les colonies se développent sur les jeunes branches des pommiers et forment alors les gros amas cotonneux caractéristiques. Cette sécrétion blanche et laineuse leur assure une protection redoutable contre de nombreux insectes prédateurs ! Ce qui le rend particulièrement coriace.
A partir du mois de Juillet, on observe l’apparition de pucerons ailés. Il s’agit de femelles fondatrices qui s’envoleront pour aller fonder de nouvelles colonies.
A partir du mois d’Août, les populations de pucerons lanigères diminuent avant de repartir à la hausse au mois de Septembre. Dès le retour du froid, il stoppe sont développement pour patienter jusqu’au début du printemps suivant.
Un arbre infesté une année le sera très probablement l’année suivante !
Possibilité de confusion : il existe une autre espèce de puceron produisant une cire blanchâtre sur les pommiers : le puceron cendré du pommier (Dysaphis plantaginea). Mais contrairement au puceron lanigère, le puceron cendré se rencontre sous les feuilles du pommier et ne produit pas de gros amas blancs.
D’où vient le puceron lanigère du pommier ?
Eriosoma lanigerum est originaire d’Amérique du Nord. Il a été repéré pour la première fois en France en 1812 dans une région productrice de pommes : le Calvados et la Manche. Il aurait été introduit via le commerce de porte-greffes de pommier infestés.
Du fait de l’apparition d’individus ailés durant l’été, il s’est rapidement propagé sur tout notre territoire ! Vos pommiers peuvent donc être contaminés par les airs, et une fois ce puceron implanté, vous risquez de le retrouver d’une année sur l’autre.
Quels sont les arbres sur lesquels le puceron lanigère du pommier peut se développer ?
Dans son aire d’origine, le puceron lanigère du pommier effectue une partie de son cycle sur l’orme Américain. Mais cet arbre n’étant pas présent en France, on le rencontre exclusivement sur pommiers, pommiers d’ornements et aubépines.
Il arrive parfois que le puceron laineux parasite les cognassiers, et très rarement les poiriers.
Quels sont les symptômes et les dégâts provoqués par une attaque de puceron lanigère ?
Ce puceron ne passe pas inaperçu, il forme de gros amas laineux sur les branches et dans des crevasses du collet et du tronc… Ces colonies deviennent parfois imposantes et provoquent divers dégâts :
- Lorsqu’il se nourrit, le puceron lanigère injecte une salive toxique dans le pommier, ce qui va l’aider à prélever la sève. Cette salive provoque de grosses déformations sur les branches en croissance.
- On observe également la formation de crevasses et de galles sur les branches et parfois même sur le tronc ! Ces blessures sont préjudiciables sur de jeunes arbres qui se retrouvent déformés, avec de nombreuses plaies et une croissance ralentie.
- Les galles et les crevasses sont également la porte d’entrée pour un champignon (Nectria) qui est responsable de l’apparition de chancres parfois fatal pour le pommier…
Ces dégâts sont particulièrement redoutés chez les producteurs de pommes et dans les jeunes vergers de pommiers.
Quels sont les traitements naturels pour éliminer le puceron lanigère du pommier ?
Ce puceron est l’un des plus problématiques en arboriculture. En effet, n’étant pas originaire d’Europe, il ne possède que très peu de prédateurs et parasites… De plus, la formation de gros amas cotonneux lui assure une protection redoutable contre la majorité des insectes auxiliaires.
Cette laine joue également le rôle de barrière qui empêche les traitements chimiques et biologiques de l’atteindre.
Heureusement, il existe plusieurs solutions naturelles pour se débarrasser du puceron lanigère du pommier, dont une particulièrement efficace : l’utilisation d’une petite coccinelle française, la coccinelle à virgules !
Les coccinelles à virgules pour lutter contre le puceron lanigère du pommier
La coccinelle à virgules, Exochomus quadripustulatus, est également appelée la coccinelle des pins. Cette espèce naturellement présente en France s’attaque à divers pucerons présents sur les résineux, mais également aux cochenilles tortues du pin et aux cochenilles pulvinaires. Elle montre un attrait particulier pour les sécrétions cireuse, elle s’est donc naturellement attaquée aux colonies de pucerons lanigères du pommier et a montré d’excellents résultats !
Les coccinelles à virgules sont actives très tôt en saison, ce qui coïncide avec l’activité précoce du puceron lanigère. Lorsqu’une femelle trouve une colonie de pucerons laineux, elle insère son ovipositeur dans l’amas cotonneux et dépose plusieurs œufs. Les larves de coccinelles qui en sortiront se développeront dans la colonie de pucerons, les dévorant les uns après les autres !
Si cette coccinelle est introduite suffisamment tôt au printemps, elle arrive à nettoyer le pommier de ces pucerons.
Vous trouverez cette coccinelle sur notre site. Il faut généralement une dose de 10 coccinelles par pommier pour lutter contre ce puceron.
Nous vous recommandons fortement l’utilisation de cette coccinelle plutôt que l’utilisation de produits, même biologiques, qui ne donnent que des résultats partiels.
Les produits de traitement naturels contre le puceron laineux du pommier
Comme mentionnez ci-dessus, nous vous recommandons fortement l’utilisation de la coccinelle à virgules. Néanmoins, l’utilisation de produits biologiques est possible dans certains cas :
- L’insecticide végétal polyvalent peut être utilisé si l’infestation est prise en charge trop tardivement au printemps. Ce produit à base d’huile végétale va asphyxier le puceron lanigère. Il n’éliminera malheureusement qu’une partie des pucerons. Leur recrudescence dans les semaines suivantes est à craindre.
- La macération huileuse d’ail : elle a une action similaire à l’insecticide végétal polyvalent mais possède en plus une action répulsive sur les pucerons.
- Le savon noir : Il ne s’agit pas d’un traitement à proprement parler mais il permet de ralentir la prolifération du puceron lanigère. Le savon noir est néanmoins redoutable pour nettoyer le miellat (liquide poisseux et sucré rejeté par les pucerons) et ainsi éviter l’apparition d’un champignon : la fumagine.
- Le traitement d’hiver et de fin d’hiver : Ce traitement bio à base d’huile de colza est à pulvériser sur les branches charpentières, le tronc et le collet de l’arbre infesté. Ce produit va agir en recouvrant les pucerons lanigères d’une pellicule grasse qui va les asphyxier. C’est un moyen très efficace de réduire les populations de pucerons passant l’hiver dans les différentes anfractuosités du pommier.
- Le blanc arboricole : Le blanc arboricole, ou lait de chaux, pulvérisé sur le tronc durant l’hiver permet de réduire les populations de pucerons lanigères. Il a également un effet contre les chancres, qui sont l’une des conséquences d’une attaque de pucerons laineux.
- Le badigeon d’argile : Appliquez un badigeon d’argile sur le tronc du pommier, en insistant bien sur les crevasses et le collet. Cette solution naturelle va recouvrir les pucerons lanigères et les piéger en séchant.
Remarque : Nous déconseillons fortement les bandes de glu et la glu arboricole qui ne sont pas sélectives et qui vont piéger un grand nombre de prédateurs de pucerons lanigères, notamment la coccinelle à virgules qui a tendance à se déplacer le long du tronc et dans les écorces.
Attirer les prédateurs et parasites naturels du puceron laineux au jardin
Plusieurs insectes s’attaquent aux pucerons lanigères du pommier, mais les sécrétions cireuses diminuent leur efficacité. Pour un contrôle efficace du ravageur, ils doivent être présents en nombre important, il est donc primordial de leur offrir le gîte et le couvert ! Parmi les principaux auxiliaires, vous trouverez :
- La coccinelle à virgules : Il s’agit sans doute d’un des prédateurs les plus efficaces pour lutter contre le puceron lanigère. Nous élevons et nous commercialisons cette espèce sur notre site. Afin de lui offrir un environnement idéal, n’hésitez pas à conserver ou planter des résineux à proximité du verger (Pins, sapins, épicéas, genévriers…). Les chênes semblent aussi être un habitat propice pour cette espèce.
- Les chrysopes : Les larves de chrysopes ont une action sur le puceron lanigère. Afin de les retrouver dès le début du printemps dans votre verger de pommiers, vous pouvez installer un abri à chrysopes.
- Les forficules ou perce-oreille : Cet insecte très commun est un très bon auxiliaire des cultures. Parmi son menu varié, on retrouve des acariens, des psylles, des pucerons … dont le redoutable lanigère du pommier ! Le pince oreille est un insecte nocturne, la journée, il se cache. Installez un abri à perce oreille dans vos pommiers afin de les loger au plus proche de leur nourriture !
Il existe une guêpe parasitoïde spécifique du puceron lanigère du pommier : Aphelinus mali. Qui provient elle aussi d’Amérique du Nord. Suite aux ravages du puceron lanigère, cette petite guêpe parasite a été introduite en France en 1920. Elle pond ses œufs un à un à l’intérieur des pucerons lanigères du pommier. Il en sort une petite larve qui dévore le puceron de l’intérieur. Lorsque son développement est terminé, elle se nymphose. Le puceron prend alors un aspect sec appelé « momie ». De nouvelles guêpes en sortent, laissant derrière elles une enveloppe de puceron vide avec à son extrémité un trou de sortie (voir photo ci-dessous). Cette guêpe est maintenant implantée en France mais elle est assez rare du fait de l’utilisation de pesticides sur les pommiers. Avec un peu de chance, vous pourrez l’observer dans votre jardin ! Un conseil, avant de sortir l’artillerie lourde contre le puceron lanigère, vérifiez la présence de « momies » de pucerons. Si c’est le cas, n’intervenez pas avec des produits de traitement. L’infestation devrait être naturellement maitrisée !
De manière générale, laissez des zones du verger ou jardin en jachère. Elles constitueront un réservoir d’insectes auxiliaires utiles contre le puceron lanigère. Vous pouvez également semer des mélanges fleuris spécifiques qui offriront du nectar, du pollen et des proies aux insectes utiles !
Les bonnes pratiques culturales en verger pour limiter le développement du puceron laineux
Le puceron laineux du pommier aime se développer sur les plaies de tailles. En cas d’infestations récurrentes, nous vous recommandons de ne pas tailler vos arbres tant que ce problème n’est pas réglé. Ou bien, taillez avec parcimonie et utilisez du goudron de pin sur les plaies pour protéger et aider à la cicatrisation.
Si vous observez des plaies, des crevasses ou des chancres qui ont accueillie ou qui accueillent toujours des colonies de puceron lanigère, procédez à un nettoyage complet de la zone, avec un léger curetage ci nécessaire. Appliquez ensuite du goudron de pin qui protégera la plaie et aidera à la cicatrisation.
Les pucerons lanigères ont tendance à se développer rapidement sur des arbres trop fertilisés. Réduisez les apports d’engrais azotés en cas d’infestations récurrentes. Préférez plutôt des amendements organiques faiblement azotés, qui mettront du temps à se dégrader et nourriront vos pommiers durant plusieurs mois.
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