Puceron noir de la fève
Des fèves, haricots, pois ou artichauts envahis de pucerons noirs ? Il s’agit d’une attaque du redoutable Aphis fabae : le puceron noir de la fève.
Le puceron noir de la fève (Aphis fabae) est le principal puceron que l’on rencontre au potager. Contrairement à ce que peut laisser penser son nom, ce puceron noir s’attaque à un grand nombre de plantes, et pas uniquement à la fève ! On lui connait plus de 200 plantes hôtes…
La particularité de ce puceron réside dans son aptitude à pulluler très rapidement, et à infester l’ensemble d’une culture en un rien de temps. Il est responsable de déformations et de pertes importantes de récoltes de haricots, fèves, artichauts et bien d’autres cultures…
Il est redouté chez les maraîchers mais également en grande culture de betteraves.
Comment reconnaître le puceron noir de la fève ?
Dans la majorité des cas, si vous observez de gros amas de pucerons noirs sur les capitules des artichauts, aux extrémités des tiges des fèves, sous les feuilles des haricots ou des cottes de bettes – épinards, il s’agit très probablement du puceron noir de la fève.
En cas de doute, ce puceron possède quelques caractéristiques qui le rendent facilement identifiables :
Les adultes mesurent environ 2 mm de long et ils ont un aspect plutôt trapu. Ils sont noirs à verdâtres, avec de petites paires de taches blanches et cireuses sur l’abdomen. Certains présentent des ailes, ils sont alors plus allongés que les aptères.
Au bout de leur abdomen, on distingue 2 petits appendices tubulaires appelés cornicules. Chez cette espèce, elles sont très courtes et de couleur noire. Il possède également une petite queue (cauda) qui forme un petit triangle noir au bout de l’abdomen. Elle est très courte et trapue.
Cycle biologique et reproduction du puceron noir de la fève
Ce puceron a une biologie particulière, il est important de la connaître afin de lutter au mieux contre lui.
Le puceron noir de la fève passe l’hiver sous forme d’œufs, dans les bourgeons des fusains, des viburnum boules de neige et des seringats (hôtes primaires). Dès le mois de mars, les œufs éclosent et les petits pucerons commencent à l’alimenter en piquant la plante avec leur rostre afin d’en prélever la sève. Ces premiers pucerons sont uniquement des femelles et se reproduisent sans fécondation en pondant directement d’autres femelles. On parle de reproduction par parthénogénèse. Les colonies de pucerons noirs vont se développer ainsi jusqu’au printemps… A partir d’avril, des pucerons noirs ailés apparaissent. Il s’agit de femelles qui vont s’envoler pour aller coloniser d’autres plantes (hôtes secondaires) qui seront différentes des hôtes primaires. On parle alors de pucerons diœciques. A cette époque de l’année, ce sont les cultures légumières qui sont touchées, à savoir les fèves, les haricots, les épinards… Lorsque la femelle ailée a trouvé une plante à coloniser, elles commencent à se reproduire par parthénogénèse. Il s’en suit de nombreuses générations et le développement des colonies de pucerons. On peut noter que chaque puceron va donner naissance a plus de 30 pucerons en quelques jours. A l’automne, des femelles et des mâles ailées apparaissent. Ils vont retourner sur l’hôte primaire afin de se reproduire. Les femelles fécondées vont pondre une dizaine d’œufs sur l’écorce et les bourgeons. Ce sont ces œufs qui passeront l’hiver.
Dans les régions à climat doux, la reproduction sexuée n’est pas obligatoire pour le puceron noir de la fève. Il peut faire l’intégralité de son cycle sur la même plante. On parle alors d’anolocyclie.
Quelles sont les plantes qui peuvent être parasitées par le puceron noir de la fève ?
Comme dit précédemment, le puceron noir de la fève est un puceron dioecique, c’est-à-dire qu’il se développe sur des hôtes primaires en début de printemps, puis sur des hôtes secondaires de la fin du printemps à l’automne.
Les hôtes primaires en début de printemps :
- Le fusain
- La viorne (viburnum et boule de neige)
- Le seringat
Les hôtes secondaires de fin de printemps et d'été :
- Fèves
- Haricots
- Pois
- Tournesols
- Epinards
- Betteraves
- Artichauts
- Pomme de terre
Des plantes sauvages telles que la morelle noire, les chénopodes, l’amaranthe…
Ce puceron parasite plus de 200 plantes ! La quasi-totalité des plantes potagères sont touchées.
Les dégâts provoqués par une infestation de pucerons noirs de la fève
Compte tenu de sa forte prolificité, les pucerons noirs de la fève forment d’importantes colonies, et ces milliers d’individus engendrent des dégâts considérables !
En se nourrissant, les pucerons noirs prélèvent la sève de la plante, celle-ci s’en retrouve affaiblie et sa croissance ralentie. Cette sève est très sucrée, l’excédent est rejeté par les pucerons sous forme de miellat. Ce liquide poisseux et sucré va recouvrir la plante et provoquer le développement d’un champignon noir : la fumagine.
La salive d’Aphis fabae est toxique pour le végétal. Elle occasionne des déformations et une chute des fleurs. Les fleurs de haricots sont très sensibles aux attaques de pucerons noirs.
Les fruits sont également touchés par le puceron noir, ils se développent souvent sur la nervure des fèves ou des haricots, ce qui altère grandement leur croissance et leur qualité gustative.
Il est également vecteur de nombreux virus végétaux.
Dans certains cas, si rien n’est fait, une attaque de pucerons noirs peut réduire à néant une récolte…
Comment se débarrasser des pucerons noirs de la fève ?
Il existe plusieurs méthodes et traitements biologiques pour se débarrasser des pucerons noirs. Tout d’abord des mesures préventives en jouant sur une stratégie d’attraction – répulsion. Viennent ensuite les coccinelles et les chrysopes qui sont de redoutables prédateurs de pucerons noirs ! En dernier recours, il existe également des produits bio qui ont une bonne efficacité mais leurs usages doivent suivre certaines conditions. Dans tous les cas, il est indispensable de préserver la biodiversité de votre jardin afin de favoriser l’implantation de prédateurs naturels !
Repousser les pucerons noirs et les attirer dans une autre zone du jardin
Utiliser des produits naturels pour éloigner les pucerons fonctionne uniquement en préventif. Dès le printemps, pulvérisez de la macération huileuse d’ail ou des purins végétaux (ortie ou fougère) sur les cultures sensibles. La forte odeur dégagée dissuade les femelles ailées de venir coloniser les plantes traitées.
En parallèle, pensez à installer des plantes très attractives pour le puceron noir à proximité des cultures sensibles. C’est le cas de la fameuse capucine à proximité des haricots ! Les femelles ailées repoussées par le répulsif vont coloniser la capucine, ce qui est préférable à une culture potagère.
Mais en cas d’infestation de pucerons noirs, il convient de passer à l’étape suivante...
Les larves de coccinelles contre les pucerons noirs de la fève et du haricot (Aphis fabae)
Chez insectosphère, nous vous proposons 2 espèces de coccinelles capables d’éliminer le puceron noir de la fève.
La coccinelle à 7 points, Coccinella septempunctata
A privilégier sur les cultures potagères basses envahies de pucerons noirs : Epinards, haricots nains, fèves, pois nains, betteraves, cottes de bettes, artichauts…
Cette coccinelle est redoutable sur le puceron noir de la fève, parmi toutes les espèces de pucerons consommées par la coccinelle à 7 points, le puceron noir de la fève est sa proie favorite.
Les œufs de coccinelles à 7 points
Points forts : Efficace au début de l'infestation, en cas de forte attaque, privilégiez les larves ou les adultes de coccinelles à 7 points. Les oeufs de coccinelles à 7 points sont résistants au transport et facile à mettre en place.
Remarques : Les oeufs sont sensibles aux fourmis et aux fortes températures. leur utilisation est déconseillé en cas de chaleur.
Les larves de coccinelles à 7 points
Points forts : Redoutables sur les cultures basses infestées de pucerons, elles sont très voraces et très mobiles. A utiliser en cas de forte infestation.
Remarques : Légère sensibilité aux fourmis. Les larves de coccinelles à 7 points tombent facilement de la plante, il est conseillé de l'utiliser sur des cultures basses ou denses. Elles sont également sensibles au transport.
Les adultes coccinelles à 7 points
Points forts : Très résistantes au transport et faciles à appliquer. Elles sont également peu sensibles aux fourmis. Une coccinelle à 7 points femelle va pondre plus de 30 oeufs par jour à proximité des colonies de pucerons noirs. Ce qui donnera naissance à de nombreuses larves très voraces !
Remarques : Les effets sont visibles un peu plus tardivement que pour les larves de coccinelles.
La coccinelle migratrice, Hippodamia undecimnotata
Comme la 7 points, elle fonctionne également sur les cultures basses. Mais contrairement à elle, sa larve à la particularité de rester fermement accrochée à la plante et de ne pas chuter. Les larves de coccinelle migratrice sont à privilégier pour les cultures hautes ou arbustives envahies de pucerons noirs de la fève. Comme par exemple :
Les artichauts, haricots et pois grimpants, tournesols, boule de neige (viburnum), seringats, fusains…
Les oeufs de coccinelles migratrices
Points forts : Efficace au début de l'infestation, en cas de forte attaque, privilégiez les larves. Les oeufs résistent bien au transport et ils sont faciles à installer.
Remarques : Les oeufs sont sensibles aux fourmis et aux fortes températures. leur utilisation est déconseillé en cas de chaleur.
Les larves de coccinelles migratrices
Points forts : Redoutables sur les cultures hautes et les arbustes infestées de pucerons noirs de la fève, elles sont très voraces. A utiliser en cas de forte infestation. Elles restent fermement accrochées à la plante contrairement aux larves de 7 points.
Remarques : Légère sensibilité aux fourmis et au transport.
Les larves de chrysopes anti pucerons
Les larves de chrysopes sont des insectes prédateurs généralistes qui se nourrissent de pucerons. Bien que moins efficace que les larves de coccinelles, elles permettent de contrôler les populations de pucerons noirs au potager. Les larves de chrysopes ont néanmoins l’avantage d’être actives à des températures plus basses que la coccinelle migratrice ou à 7 points.
Les guêpes parasitoïdes de pucerons
Certaines guêpes solitaires sont des parasites de pucerons. Elles insèrent un œuf à l’intérieur de leur proie, et une petite larve en sortira quelques jours plus tard. Cette dernière va se nourrir du contenu du puceron jusqu’à la fin de son développement. A ce stade, le puceron prend une forme renflée, d’aspect sec, qu’on appelle « momie ». Il en sortira une nouvelle guêpe parasite qui laissera derrière elle la momie du puceron avec un trou de sortie.
Pour lutter contre Aphis fabae, on peut trouver différentes espèces de guêpes parasites de pucerons, comme par exemple Aphidius colemani et Aphidoletes aphidimyza. Celles-ci sont disponibles à la vente pour les professionnels.
Les produits naturels et bio pour éliminer le puceron noir
En cas d’infestation récurrente, vous pouvez agir en amont en utilisant un traitement d’hiver sur les hôtes primaires pour éliminer les œufs hivernants des pucerons noirs. Il s’agit d’un traitement bio à base d’huile de colza. Il va recouvrir les œufs ou les jeunes pucerons fraichement éclos et les tuer par asphyxie.
Il existe un autre produit utilisable en curatif : l’insecticide végétale polyvalent. Il agit par contact. Nous le recommandons pour les situations compliquées, lorsque les dégâts sont déjà à un stade avancé… En effet, ce produit peut tuer les insectes prédateurs de pucerons tels que les jeunes larves de coccinelles, de chrysopes ou de syrphes.
Nous vous déconseillons les produits bio à base de pyrèthre qui ne sont pas sélectifs et tuent l’ensemble des insectes présents sur la culture au moment du traitement.
Favorisez la biodiversité pour lutter efficacement contre le puceron noir au jardin !
Pour une régulation naturelle des pucerons noirs, il convient d’offrir un habitat varié à leurs prédateurs.
Pensez à installer des hôtels à insectes, ces derniers peuvent accueillir des petites guêpes prédatrices (inoffensives pour l’homme) qui se nourrissent de pucerons noirs. C’est le cas du pemphrédon qui part chasser des petits pucerons pour les ramener à ses larves.
Des abris pour l’hiver permettent aux insectes utiles de passer la mauvaise saison dans votre potager. Ils sont ainsi présents dès les premières attaques de pucerons. N’hésitez pas à laisser des amas de bois morts ou de feuilles sèches dans votre potager. Ils offrent un refuge idéal !
Plantez des mélanges fleuris ou bien laissez une zone en jachère à proximité immédiate du potager. Les plantes hébergeront d’autres pucerons, ce qui constituera un réservoir de nourriture pour les auxiliaires lorsque les pucerons noirs auront disparu. Les fleurs offrent également du pollen et du nectar aux coccinelles, chrysopes, syrphes et certaines guêpes parasites de pucerons (Aphidius colemani et Aphidoletes aphidimyza).
Les autres espèces de coccinelles sauvages efficaces contre le puceron noir au jardin
De nombreuses autres espèces de coccinelles sont efficaces contre le puceron noir de la fève, mais elles sont rarement en nombre suffisant pour endiguer l’infestation… C’est le cas des différentes espèces ci-dessous :
La coccinelle à damier, Propylea quatuordecimpunctataLa coccinelle des friches, Hippodamia variegataLarve de coccinelle fulgurante, Platynaspis luteorubraLarve de coccinelle du genre Scymus
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