Vous constatez que vos cerises sont véreuses et contiennent un petit asticot blanc ? Il s’agit de la mouche du cerisier, Rhagoletis cerasi !
Ce Diptère d’origine européenne est très commun sur les cerisiers. Plutôt jolie, cette petite mouche mesure 3 à 5 mm de long. De couleur noire, elle arbore une belle marque jaune caractéristique sur son dos. Ses yeux sont verts et ses ailes transparentes sont marbrées de bandes longitudinales noires.
Les œufs sont pondus sous l’épiderme des cerises et donnent naissance à de petits asticots blancs à jaunâtres. A la fin de leur développement, ils peuvent mesurer 5 à 6 mm de long pour 1,2 à 1,5 mm de large.
Le stade intermédiaire entre l’asticot et la mouche de la cerise est une nymphe, appelée pupe. Celle-ci ressemble à un petit grain de riz jaunâtre et relativement rigide. C’est de cette pupe que sortira une nouvelle mouche de la cerise !
C’est au printemps, au mois de Mai, lorsque les cerises sont encore vertes que les mouches de la cerise commencent à sortir de terre. La pupe attendait patiemment dans le sol que les températures remontent. La métamorphose débute, et la mouche quitte son enveloppe pour commencer à se reproduire.
La mouche de la cerise se nourrit de secrétions sucrées issues du cerisier. En journée, il n’est pas rare de l’observer en train de prendre un bain de soleil sur les feuilles du cerisier. Cette petite mouche vole du mois de Mai au mois de Juillet.
10 à 15 jours après leur sortie de terre, les femelles des mouches du cerisier débutent leur ponte dans les cerises encore vertes. Les œufs sont insérés sous la peau du fruit grâce à un ovipositeur tranchant. La mouche de la cerise pond un seul œuf par fruit, lorsque cela est fait, elle laisse un marqueur olfactif qui indique que ce fruit est déjà parasité. Au total, une mouche du cerisier pond de 50 à 80 œufs sur la saison.
6 à 12 jours après la ponte, l’éclosion à lieu. Il en sort un petit asticot blanc qui va se nourrir de la chair du fruit autour du noyau. Son développement et sa croissance se poursuit durant 3 à 4 semaines.
Passé ce délai, le ver quitte la cerise véreuse en se laissant tomber au sol. Il va ensuite s’enfoncer dans les premiers centimètres du sol pour se transformer en pupe quelques heures plus tard. Cette dernière va patienter dans le sol jusqu’au retour du printemps !
La mouche des cerisiers est univoltine, c’est à dire qu’elle ne fait qu’une génération par an. Une particularité importante est la capacité de la pupe à attendre dans le sol jusqu’à 3 ans avant de se transformer en mouche. Cette stratégie permet à l’espèce de survire en cas de printemps défavorables (gel des fleurs des cerisiers) où aucune mouche ne pourrait se reproduire… C’est également pour cela qu’on observe des infestations cyclique.
Dans un premier temps, la mouche de la cerise va faire une petite incision pour déposer son œuf dans le fruit. Cette blessure va entrainer l’apparition d’une petite tâche brunâtre (pourriture).
Par la suite, le ver de la cerise va se nourrir de la chair du fruit. Ce qui peut entraîner une chute précoce des cerises, une pourriture des fruits ou bien… la surprise au moment de consommer ce petit fruit rouge !
C’est un des principaux ravageurs des vergers de cerisiers. Les dégâts peuvent être considérables avec la totalité des cerises véreuses.
La mouche du cerisier s’attaquent quasi exclusivement aux cerisiers. Compte tenu de son activité assez tardive au printemps, ce sont les cerisiers précoces qui sont les moins sensibles aux attaques du ver de la cerise. En effet, les fruits atteignent leur maturité au moment de l’apparition des premières mouches. Elles n’ont donc pas le temps de parasiter l’ensemble des cerises.
Les variétés de milieu de saison ou les variétés tardives sont quand à elle très sensibles. On peut également noter que les variétés bigarreaux sont plus fréquemment attaquées.
La mouche de la cerise s’attaque également aux griottes et aux merises (fruits du merisier, un cerisier sauvage) mais elle peut se rencontrer dans les fruits du chèvrefeuille.
Vous pouvez agir sur quelques points pour limiter la prolifération des mouches de la cerise :
Les différents traitements biologiques pour lutter contre le ver de la cerise n’excluent pas les bonnes pratiques culturales listées ci-dessus.
Pour lutter efficacement contre ce ravageur, nous vous conseillons une stratégie globale qui repose sur 3 axes : la détection et le piégeage, la protection des cerises avec un barrière physique, le traitement des vers au moment où ils rejoignent le sol.
Installez les pièges à phéromone contre la mouche de la cerise avec une phéromone ou un attractif ammoniacal dès début Mai afin de ne pas passer à côté des premiers vols de mouches. En disposant un piège par groupe de cerisier, vous avez une indication temporelle pour pouvoir effectuer le traitement avec la barrière minérale.
Vous pouvez renforcer le piégeage en installant un piège à phéromone par arbre fruitier.
Cette méthode est valable uniquement si les cerises sont accessibles avec un pulvérisateur. Ce produit biologique (Talc) à dissoudre dans l’eau est à pulvériser sur les cerises dès la détection des mouches dans le piège.
Il crée une barrière protectrice qui leurre les mouches et les dissuade de venir pondre dans le fruit.
De plus, il évite les coups de soleil que peuvent subir les fruits...
L'utilisation de macération huileuse d'ail aurait également un effet répulsif sur les mouches de la cerise.
Ce traitement est redoutable lorsque l’application est parfaitement maîtrisée. Au niveau du matériel, un simple arrosoir suffit ! Les nématodes se présentent sous la forme d’une poudre à diluer dans l’eau. Il n’y a plus qu’à arroser le sol sous le cerisier. Les nématodes anti ver de la cerise sont des vers microscopiques qui vont parasiter les larves au moment où elles quittent les fruits pour rejoindre le sol. Pour être efficace ils doivent être utilisés peu de temps avant la sortie des vers des cerises… Ils réduisent l’infestation les années suivantes, mais compte tenue de la biologie de l’insecte, il convient de faire ce traitement durant 3 années successives pour observer de bons résultats.
Dans le commerce ou sur certains sites marchands, on peut trouver des pièges engluées jaunes pour piéger les mouches de la cerise au printemps. Ces pièges sont certes efficaces mais non sélectifs. Vous allez également éliminer accidentellement tout un tas d’insectes utiles au jardin (pollinisateurs, coccinelles, syrphes…) et même les prédateurs naturels de la mouche de la cerise ! Orientez vous plutôt sur des pièges à phéromone spécial mouche des fruits qui sont beaucoup plus sélectifs !
De même, nous déconseillons l’usage de filets anti insectes qui présente un certain coût et dont l’efficacité dépend grandement de sa bonne installation. Mis à part cela, emballer des cerisiers dans des filets plastiques à durée de vie relativement courte pose des questions écologiques et esthétiques.
Attention, il existe un autre ravageur qui prend de plus en plus d’importance en France : La mouche asiatique des fruits rouges, Drosophila suzukii. Les traitements contre la mouche européenne de la cerise ne sont pas adaptés contre la mouche asiatique et vice-versa.
Pour les distinguer :
| Mouche de la cerise | Mouche asiatique des fruits |
| 1 larve par cerise | Plusieurs larves par cerise |
La larve se développe autour du noyau | Les larves se développent dans toute l’épaisseur du fruit |
La pupe se trouve dans le sol | La pupe peut se trouver dans le fruit |
La mouche pond dans le fruit encore vert. | La mouche pond dans les fruits entrain de murir. |
Une seule génération par an | Jusqu'à 13 génartions par an |
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